Dans l’optique de réduire la pénibilité du travai du cultivateur, un artisan de la région du Sud Cameroun a réussi à modifier la configuration de la machette séculaire. Le manche désormais plus long limite la courbure de l’échine.
Tandis que dans les pays développés, le machinisme agricole réalise de spectaculaires performances, la plupart des Africains subsahariens triment encore avec leurs séculaires instruments de labour: la houe ou daba, le coupe-coupe ou machette et la hache.
Dans leurs dures conditions de production, ils réfléchissent pour améliorer leur sort. C’est le cas des cultivateurs de la région du Sud du Cameroun qui ont modifié la présentation de la machette, outil de travail incontournable en zone forestière.
La nouvelle machette version long manche a l’avantage de réduire la courbure du dos de son utilisateur, limitant ainsi les lancinantes douleurs subséquentes au ploiement de l’échine chez les cultivateurs.
Michel Melong, artisan au village de Bikon par Ambam dans la Vallée Du Ntem, en a fait tout un art. De la machette conventionnelle qui mesure 60 cm dont 15 cm de longueur de manche (c’est-à-dire 1/4 de la taille de la machette), Michel Melong fabrique une nouvelle avec un manche plus long.
Pour y arriver, l’artisan prend une machette neuve, casse son manche et place un autre manche fabriquée par lui-même à l’aide d’un bois réputé plus résistant. La machette ainsi remmanchée mesure 80 cm et le manche occupe les 2/5ème de cette longueur. Du fait de cette rallonge, la nouvelle machette est certes un peu encombrante et pesante, mais ses avantages restent indéniables.
Résistance et préhension aisée
Le manche fixé sur la lame par des clous est renforcée par une sangle métallique serrée de près par l’artisan. La nouvelle machette est ainsi prémunie contre le fendillement et le détachement de manche que connaissent souvent les machettes ordinaires après un contact prolongé sous le soleil.
Bien raboté et poli à l’aide du papier de verre, le manche de la machette de Bikon, contrairement à la conventionnelle, n’a pas la forme massive et rébarbative dont la rugosité des coins est la cause première des irritations sur les mains des utilisateurs. Le long manche est fin et quasi cylindrique, au point où les doigts se ferment complètement sur l’outil, et sa préhension en devient aisée, voire agréable. Adieu les ampoules!
La machette version Michel Melong limite les contacts déplaisants de la main avec la végétation. Elle éloigne le bras des herbes urticantes, des ronces et autres épines.
Le poids légèrement incommodant pour l’utilisateur encore inexpérimenté s’avère paradoxalement un avantage au point d’impact. La machette remmanchée se présente finalement comme un véritable hachereau pour l’abattage des arbres de petit calibre.
Au contact d’herbes tendres comme les fougères, la lame de la machette étant totalement au contact des herbes, la surface de coupe est nettement plus large. Comparativement à la surface dégagée par une machette ordinaire à manche court, le rapport d’impact sur la végétation est assimilable à celui d’une faux et d’une faucille.
La machette à long manche n’a pas encore fini de convaincre tous les utilisateurs de la région du Sud que quelques spécimens ont déjà traversé la frontière voisine. Michel Melong espère vivre de son art.
Michel Minka Mayemi
Correspondance particulière
LE DÉVELOPPEMENT DES MARCHES AGRICOLES SE PROJETTE POUR 2015
Le Projet d’investissement et de développement des marchés agricoles (Pidma) a tenu son deuxième comité de pilotage le 30 novembre dernier. 2015 pourrait être l’année du véritable décollage.
Si l’on s’en tient aux propos du ministre de l’Agriculture et du développement rural (Minader) M. Essimi Menye, les ambitions sont nombreuses et l’envie de produire des résultats ne manque pas.
Pour la première année, annonce le ministre, le budget est de 7 milliards de Fcfa avec possibilité d’aller jusqu’à 12 milliards, voire plus, si les activités le justifient. C’est du moins l’accord qui est conclu avec la Banque mondiale, principal bailleur de fonds de ce projet.
Les activités inscrites dans ce budget concernent la production du manioc, du sorgho et du maïs. Pour cela il faut commencer par la production des semences.
Pour ce qui est du maïs par exemple, la question de semences ne devrait pas se poser, du moins pas comme avant, car le Programme maïs et le Fonds semencier ont fait produire suffisamment de semences en 2014.
La semence d’abord
Les parcs à bois pour la production des boutures du manioc existent aussi, même si leur capacité à satisfaire la demande qui sera sûrement forte n’est pas encore prouvée. Il est aussi envisagé le début de l’opérationnalisation des usines pour le traitement du manioc, du sorgho, et du maïs. Mais attention à la lenteur administrative, puisque le ministre Essimi Menye dit que la commande des machines obéira aux règles administratives de passation des marchés. Les tubercules de manioc ne vont pas attendre, pour atteindre leur maturité, l’arrivée d’une machine retardée par un fonctionnaire qui attend «sa part».
La formation des producteurs pour la bonne gestion des coopératives dans les centres de formation coopérative à Ebolowa et à Bamenda est également à l’ordre du jour. Déjà une équipe est mise en place par le projet pour sensibiliser les producteurs à la nécessité de former leurs propres coopératives car, précise le Minader, le Pidma ne travaillera qu’avec des producteurs organisés en coopératives, lesquelles coopératives seront formées en conformité avec la loi OHADA. Fini le temps des GIC, affirme M. Essimi Menye qui s’engage à travers le Pidma à tout mettre en œuvre pour une parfaite cohésion entre tous les maillons de la chaîne de production du maïs, sorgho et manioc, spéculations qui intéressent le projet.
A propos de la couverture géographique des coopératives, le Minader dit avoir suggéré que ces structures couvrent les communes afin d’éviter l’émiettement des forces comme cela a été le cas avec les GIC dont le ministère estime le nombre à 130 000.
L’autre priorité de 2015 sera la formation sur les machines de transformation, sur la gestion administrative, l’encadrement des producteurs dans l’optique de sortir à terme l’agriculture camerounaise du circuit informel pour de l’agro business.
Martin Nzegang