Ne disposant d’aucun document administratif, les commerçants marchandent néanmoins du riz non décortiqué depuis janvier 2020.
«C’est écœurant de voir des camions transporter le riz vers le Nigeria alors que les populations du Mayo-Danay crèvent de faim», se désole Ibrahim, vendeur de riz en gros dans la ville de Yagoua. Des embarcations nocturnes d’au moins 10 camions de 30 tonnes par jour se font à Yagoua et Maga en destination du Nigéria voisin. Ne disposant d’aucun document administratif, les commerçants exportent néanmoins du riz paddy depuis janvier 2020. Les camions s’approvisionnent à partir de Vélé, Maga, Vounoloum et à la ferme. De nombreux autres grossistes et revendeurs se plaignent d’une flambée de prix dans le département de l’Extrême-Nord. Le prix du sac de riz paddy est passé de 10.000 à 15.000Fcfa.
Embarcations 30 tonnes de riz par jour
Et pourtant, le 29 décembre 2017, Midjiyawa Bakary, gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, dans un arrêté, a interdit l’exportation des céréales locales vers les pays voisins tels que le Nigéria, le Tchad et le Congo. Or, cette activité frauduleuse se poursuit depuis six mois déjà.
Informé de ces faits, les délégués départementaux de l’Agriculture et du Développement Rural tout comme ceux du Commerce ne savent plus où donner de la voix. «Le mois passé, nous avons constaté plus de 2000 sacs de céréales confondus vers le Tchad. Parfois nos commerçants partent avec eux dans les champs pour acheter le riz. Nous sommes sous pression alimentaire. Si nous n’arrêtons pas cette mafia, nous risquons de tomber dans une insécurité alimentaire», confie à nos confrères de l’œil du Sahel Christian Houmoua, délégué départemental de l’agriculture du Mayo-Danay. D’après lui, le véritable problème réside dans l’absence d’une police phytosanitaire. Un service qui permettrait de contrôler les sorties et entrées des denrées de base.
L’Extrême-Nord sous pression alimentaire
C’est le désespoir au sein de la délégation département du Commerce. «Pendant cette période de pénurie, les prix du riz paddy sont en augmentation. Nous ne sommes pas informés de la fixation des prix du riz produit à Yagoua. C’est la Semry qui le fait. La seule chose qui incombe est de relever chaque semaine les prix des produits de grandes consommations et les soumettre à notre hiérarchie», relève Daniel Maila, délégué départemental du commerce du Mayo-Danay dans les lignes du N°1370 du mercredi 03 juin 2020 du journal l’œil du Sahel.
L’urgence repose ainsi sur l’adoption des mesures appropriées en lien avec la transformation local du riz. «Nous avons remarqué depuis le 12 mai dernier que toutes les unités de rizerie sont en arrêt d’activité de décorticage à cause de l’indisponibilité de la matière première», regrette Ahamadou Wadiri, directeur général de la société transformation-promotion et agroalimentaire, basée à Yagoua.
Ce problème d’exportation fait suite au scandale des 160.000 tonnes de riz paddy stockées depuis 5 ans dans les magasins de la Société d’Expansion et de Modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry).
Sonia Omboudou