Les bruits émis par les engins et la destruction du milieu naturel des animaux conduisent les gorilles dans les exploitations agricoles des paysans à Yen.
Les répercussions de l’exploitation forestière sur le parc national de Kom ne se sont pas fait attendre. La destruction de la forêt à travers la coupe des grands arbres et les bruits émis par les tronçonneuses et les engins font sortir les gorilles de leur nid. Selon Levy Meyebe, premier notable du village Yen, le 13 Août dernier, les gorilles ont attaqué les femmes dans leur champ, des petites exploitations de bananier plantain, manioc, macabo réservés pour la subsistance des familles. La même scène s’est également déroulée à Oveng où les gorilles ont attaqué les champs des populations du village Abounou. Près de 4 hectares de cultures ont été détruits en deux jours.
D’après les populations, les animaux sont organisés. Ils ont leurs pistes en forêt et maîtrisent mieux leur environnement. Ils savent qu’à cette période il y a un «moabi» situé à tel endroit qui doit déjà porter des fruits. Les moabi étant de grands arbres très appréciés par ces bêtes. La recherche de ces arbres crée une source effrénée des gorilles vers les champs des populations. Ceux-ci vont jusqu’à migrer vers le Congo et le Gabon.
Le génie traditionnel bafoué à Yen
Peuple de forêt, les populations Fangs, riveraines du parc national de Kom tirent leur économie de leur milieu. «Nous prenons tout de la forêt. Nos génies habitent cette forêt. C’est elle qui nous nourrit, nous soigne et nous protège. Si on nous la détruit de cette façon, sans retombées économiques, c’est nous faire comprendre que nous n’avons plus de vie», déplore Sa majesté Jean Didier Atong, chef supérieur du canton Fang-Sud.
Pratiquée depuis des années dans les espaces forestiers environnant du parc national de Kom, l’exploitation forestière semble ne pas trouver du crédit auprès de la population. Les villages Oveng, Nkolenyeng, Yen et Okpweng ne reflètent pas la beauté de leurs arbres. Un seul point d’eau pour ravitailler tout un village de près de 1000 âmes à Yen. Pas d’électricité à Nkolenyeng, les routes pour l’évacuation des produits alimentaires sont déplorables, les cases de santé inexistantes. Le tout couronné selon les populations d’un changement climatique qui empêche parfois le développement des activités agropastorales des populations.
Sonia Omboudou