Pendant que Projets et programmes gouvernementaux se piétinent et se cannibalisent aux pieds des jeunes cultivateurs, les jeunes les plus ingénieux voguent de projets en programmes pour consommer les appuis. Tant pis pour ceux qui ne vont pas au champ.
Tel a volé mes jeunes. Tel autre a détourné les nôtres. Tel programme est en train de présenter nos résultats sur le terrain comme si c’étaient les siens. Tel autre projet a triché avec nos jeunes. Etc., etc.
Il ne s’agit pas d’une scène filmée au milieu des joueurs de cartes. Ce sont juste des paroles. De petites paroles qui en disent long sur l’ambiance dans les antres de multiples programmes de développement et d’émancipation de la jeunesse camerounaise.
Qui a organisé tout cela? De prime abord c’est le Chef de l’Etat en personne. Oui, c’est lui en tant que premier jeune de la nation. Il a cru bien faire en instruisant ses collaborateurs d’initier des dispositifs pour dérouiller le fer de lance sérieusement attaqué. Le chômage n’étant pas le moindre des fléaux en milieu jeune.
Dans la foulée, et au gré des décrets, un agrégat d’instruments a été annoncé et pour certains, mis en œuvre.
Plan d’urgence jeune; programme de promotion de entrepreneuriat jeune, programme de formation agropastorale des jeunes; service civique de participation au développement avec emphase sur la promotion des exploitations agro-sylvo-pastorales tenues par les jeunes, à côté des grands classiques PAJER-U, PAIJA, FNE. Et patati, patata.
Même certains programmes, qui à l’origine n’ont rien à voir avec la gent juvénile, se sont fabriqué subrepticement des composantes jeunes. Le chef de l’Etat n’a-t-il pas prescrit un plan d’urgence de 102 milliards de Fcfa. Les appétits sont bien nourris sur ce cadeau présidentiel. Un serpent de mer pourtant.
Tous les ministères se positionnent comme promoteurs de l’emploi jeune. Des jeunes de 18 à 60 ans.
MINJEC, MINEFOP, MINADER, MINEPIA, et même MINEPAT et MINCOMMERCE, se marchent dessus; sans compter les ONG en embuscade.
Surfant sur le manque de coordination des interventions, certains jeunes ne boudent pas leur plaisir. Pour eux quoi! Les gars prennent tout ce qui leur passe sous le nez. Ce sont les cérémonies médiatisées de lancement de projets ou de distribution de l’outillage agricole que vous voulez voir? Tous n’ignorent cependant pas que l’agriculture, fut-elle pratiquée par des néophytes, ne s’accommode pas de saupoudrage.
C’est ainsi que quelqu’un se retrouve Lundi avec AFOP, Mercredi aux premières loges chez PEA-Jeunes, sachant qu’on a rendez-vous Vendredi avec des conseillers du Service civique; le temps de se reposer le week-end et de se lever tôt l’autre Lundi pour accompagner les membres de son groupe d’initiative commune à recevoir le soutien d’ACEFA. On susurre même qu’on pourra avoir des jeunes Agropoleurs. Quelle veine !
Mais qu’aura-t-on à la fin de ce ramdam, sinon de beaux rapports, bien ficelés? Pendant ce temps, la jeunesse agropastorale rurale continuera de trinquer, y compris ceux qui auront joué le jeu des programmes.
Et vous dites que les jeunes ont le vent en poupe? Mon œil!
Marie Pauline Voufo
Petit lexique non exhaustif des Programmes/projets agropastoraux pour jeunes
- AFOP : Programme d’appui à la rénovation et au développement de la formation professionnelle dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et des pêches (MINADER/MINEPIA)
- FNE : Fonds national de l’emploi (MINEFOP)
- PAIJA : Programme d’appui à l’installation des jeunes agriculteurs (MINADER)
- PAJER-U : Programme d’appui à la jeunesse rurale et urbaine (MINEFOP)
- PEA-Jeunes : Programme de promotion de l’entreprenariat agropastoral des jeunes (MINADER/MINEPIA)
- PIAASI : Projet intégré d’appui aux acteurs du secteur informel (MINEFOP)
- Plan triennal « spécial jeunes » ; Service civique (MINJEC)
- Programme New Generation du CICC pour la promotion de la cacaoculture par les jeunes (MINCOMMERCE)
- Projet de Promotion de l’entreprenariat aquacole (MINEPIA)
- Projets divers conduits par les Organisations gouvernementales et non gouvernementales; Etc.