Cameroun : L’agroécologie, palliatif contre la sécheresse

Fertilisation organique des sols, optimisation de l’usage de l’eau, respect et sauvegarde de la biodiversité, autant de vertus qu’offre ce système de production au sahel.

Le problème d’indisponibilité de l’eau en zone sahélienne et l’état des sols de plus en plus arides peuvent avoir des solutions naturelles. Les producteurs de l’Extrême-Nord du Cameroun ne gagneraient-ils pas à adopter des pratiques agricoles écologiques pour gérer au mieux l’eau en saison pluvieuse? La question mérite que l’on s’y attarde.
L’agroécologie étant une façon de concevoir les systèmes de production, elle utilise la nature comme facteur de production tout en maintenant ses qualités de base. Elle vise à diminuer les pressions sur l’environnement et à préserver les ressources naturelles pour le bien des producteurs et de la biodiversité.

Mode de vie écoresponsable
Plus qu’un concept, c’est un mode de vie écoresponsable qui va de l’exploitation agricole au système de commercialisation et de consommation.
Sous le prisme de la production, l’agroécologie a l’avantage d’assurer la fertilisation organique des sols, l’optimisation de l’usage de l’eau, le respect et la sauvegarde de la biodiversité, la lutte contre la désertification et l’érosion.
En encourageant l’usage du fumier, de la bouse de bétail et du compost, l’agroécologie permet aux producteurs sahéliens de faire des économies sur les coûts de production et de réduire leur dépendance aux intrants externes à l’exploitation familiale.
Sur le plan social, cette agriculture écoresponsable contribue à stabiliser les populations sur leurs terres, à leur assurer une alimentation de qualité, à revaloriser la place des paysans dans la société et à renforcer les liens sociaux.

Fruits durables
Néanmoins, faut-il le reconnaître, malgré ses avantages, la pratique de l’agroécologie n’assure pas des résultats à court terme. Elle demande du temps pour s’implémenter. En plus, pour être efficiente à grande échelle, elle a besoin d’actions collectives et pas seulement d’une auto-organisation personnelle. Ceci constitue des facteurs susceptibles de décourager plus d’un agriculteur, mais ne sauraient faire oublier les multiples pertes infligées aux producteurs par les poches de sécheresse récurrentes en zone sahélienne.
En fin de compte, l’agroécologie est une école de patience, une patience qui fort heureusement porte des fruits au bout; des fruits durables.

Abbo Mohamadou

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