Cameroun : Bien conserver ses pommes de terre pour les vendre au bon moment

La formation à la gestion et à la conservation des pommes de terre réalisée par le ProCISA au Cameroun, permet à plusieurs Bayam-sellam de vendre leurs tubercules au temps voulu, sans stress.

La jeune commerçante de vivres frais rencon­trée au marché B de Bafoussam, fait partie des premières bénéficiaires des formations organisées à Dschang et à Bafoussam sur la gestion et la conservation de pommes de terre par le Projet Centres d’Innovations Vertes pour le Secteur Agro-alimentaire (ProCISA) de la GIZ au Cameroun.

Célestine Lekemo vend les vivres frais depuis six ans. En ce mois de mars 2021, les pommes de terre sont en ve­dette sur son comptoir. Elle les classe soigneusement dans de petits récipients pour bien appâter ses clientes. Ses tubercules ont un bel as­pect et ne présentent aucune pourriture. Elle en est fière.

« En utilisant de la sciure de bois, j’ai pu conserver mes pommes de terre pendant cinq semaines avant de les revendre et je n’ai perdu au­cun tubercule» affirme Cé­lestine. Elle s’émerveille: «Je n’aurais jamais cru cela pos­sible. La grande partie des pommes est sortie intacte et une petite partie a germé. Je vais l’utiliser comme se­mences.»

Gestion simplifiée

Célestine Lekemo reconnait ne pas pouvoir stocker pen­dant six mois, comme elle l’a appris à la formation, du fait de son faible capital. Mais elle salue cette méthode de conservation peu coûteuse avec de la simple sciure de bois vendue à 1500 Fcfa le sac et dont deux suffisent pour conserver 100 kg de pommes. (cf. fiche pratique ci-contre).

D’après Honoré Mafouo Ngandjou, agronome et consultant GIZ, beaucoup de Bayam sellam ne réalisent pas qu’en multipliant les va-et-vient chez les grossistes ou chez les producteurs pour se ravitailler en pommes de terre, elles engagent des coûts supplémentaires. Grâce au module de formation sur la gestion, elles saisissent mieux la nécessité de bien stocker et de savoir gérer son stock pour escompter un prix de revient plus intéressant.

Une cinquantaine de Bayam sellam (acheteuses reven­deuses) de la Menoua et du grand Mifi ont déjà bénéficié de cette formation en conservation et en gestion et comptabilité simplifiées utiles pour viabiliser leurs activités de petit commerce, confie  Laetitia Sossou du ProCISA.

D’autres sessions, pour un total de 400 femmes à for­mer en 2021, sont prévues en outre dans le Nord-Ouest et l’Adamaoua, autres grandes zones de produc­tion et de consommation de pommes de terre au Came­roun.

Marie Pauline Voufo

 

La bonne conservation commence depuis le champ

Laetitia Sossou, Conseillère technique pomme de terre, ProCISA.

La formation a pour ob­jectif de fournir aux par­ticipantes les éléments de gestion pour leur activité.

On échange sur la gestion de stocks et sur la gestion comptable ainsi que sur le budget et comment contrôler son exécution.

Sur le terrain, on a remarqué que beaucoup de Bayam sellam n’ont pas de cahier de notes. Très peu ont une idée du coût de revient réel de leurs marchandises.

Au sortir de la formation avec le ProCISA, elles réus­sissent à définir le coût de production ou d’achat de leurs pommes de terre. Elles arrivent à relever toutes les charges liées à la distribu­tion afin de sortir un prix de revient juste sur la base duquel elles peuvent inclure leur marge bénéficiaire sans se tromper.

La pomme de terre étant une denrée très périssable, la plupart des Bayam sel­lam préfèrent l’acheter en petites quantités pour limi­ter les pertes de tubercules. Mais les multiples voyages induisent des coûts et des risques qu’on peut éviter en conservant soigneusement les tubercules dans de la sciure de bois.

Nous travaillons sur la chaîne de valeur: bien pro­duire, bien conserver et bien vendre. Le produit doit chan­ger de main en gagnant de la valeur pour que chaque acteur y trouve son compte.

Propos recueillis par
Marie Pauline Voufo

En pratique

Conservation de la pomme de terre avec de la sciure

– Etaler une couche de sciure de bois sur le plan­cher de l’entrepôt.

– Y asperger un peu d’eau pour humidifier sans trop mouiller la sciure.

– Y étaler une couche de pommes de terre dont les tubercules sont en bon état (non endommagés).

– Recouvrir les pommes avec une autre couche de sciure.

– L’humidifier et dispo­ser une autre couche de pommes. Ainsi de suite.

– Ne pas dépasser cinq couches de tubercules.

Il faut passer à l’entre­pôt au moins une fois par semaine pour vérifier l’état des tubercules. Les pommes de terre peuvent être conservées ainsi pen­dant six mois.

Source : GIZ-ProCISA

 

 

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