Sorgho, mil, arachide, oignon sont les cultures dans lesquelles se sont investis à fond les producteurs du septentrion en cette campagne agricole. Leur atout: le cycle de production court.
Pour contrer le phénomène de dérèglement climatique qui sévit avec acuité en zone sahélienne, les agriculteurs du Nord et de l’Extrême-Nord du Cameroun ont amorcé la campagne agricole 2017 avec astuce. Tous sont portés vers les semences à cycle court.
Excédés qu’ils sont par la diminution des pluies et la saison sèche de plus en plus longue, ils entendent défier les caprices du temps en utilisant des semences améliorées des variétés précoces.
«Je suis prête pour les semis. Pour cette campagne 2017, j’ai opté de produire le sorgho et l’arachide. Et j’ai choisi la semence qui s’adapte au climat.», confie Fadimatou, cultivatrice à Koutbao, dans le Diamaré.
A Meskine non loin de Maroua, d’autres producteurs utilisent la semence prélevée de leur précédente récolte. C’est le cas de Yonki Ousmane, lui aussi producteur de sorgho et d’arachide. Pour faire face à la crise du climat, le sexagénaire fait recours au savoir faire endogène. «Pour réussir ma campagne, je ne me précipite pas au champ pour semer dès les premières pluies du début du mois de juin. J’attends la tombée des grandes pluies qui annoncent véritablement le début des semis. Cette pratique je l’ai hérité de mes parents.» explique-t-il.
Au chevet des agriculteurs, il y a la recherche. L’Institut de recherche agricole pour le développement (Irad), Centre régional de Maroua, s’est engagé depuis quelques années à mettre sur pied et à vulgariser les variétés de semences adaptées au Nord et Extrême-Nord dans un contexte de changement climatique.
Incontournable sorgho
«La semence est la principale matière première en production végétale. Pour avoir un bon rendement, elle doit répondre aux exigences du climat pour assurer.» explique Simon Djakba Basga, Coordonateur scientifique à l’Irad de Maroua. «Les bons rendements se trouvent dans les variétés améliorées de semences d’arachide et de sorgho qui sont les spéculations les plus adoptées par les producteurs», ajoute-t-il.
Au Nord comme à l’Extrême-Nord, l’adoption du sorgho par les paysans trouve sa légitimité sur son adéquation aux réalités climatiques et surtout dans ses multiples usages. «Je produis du sorgho pour la fabrication du Bili-bili (ndlr: bière locale).» confie Fadimatou de Koutbao.
D’autres à l’instar de Farikou et Hamadou Ousmanou, produisent pour une vente à l’échelle industrielle à travers la coopérative locale dont ils sont membres. Le reste de la production est réservée à l’alimentation familiale.
« Le climat guide le choix des semences »
Mme Oubbaré épse Gouromsa Aïssatou, PCA coopérative WASSAKAY de Meskine.
« Pour préparer la campagne agricole, le groupe s’assoit et fait le bilan de la précédente campagne. Après ce bilan, nous choisissons les spéculations à produire pour la nouvelle campagne, la quantité de semence en fonction des espaces choisis.
Puis, nous préparons les parcelles en attendant les pluies, les vraies pluies. Le choix des spéculations est guidé par la demande des populations et leur adaptation au climat. Pour cette année nous avons misé sur l’arachide, le mil et bien sûr le sorgho.»
« J’ai adopté des spéculations moins exigeantes »
Kari Toukour, producteur à Meskine.
« Je suis producteur d’oignon de sorgho et d’arachide. L’arachide et l’oignon, je les produis à grande échelle. Ces deux spéculations sont moins exigeantes.
Pour l’arachide spécifiquement, la période de floraison garante de la productivité, correspond toujours avec la disponibilité des pluies. Ces deux denrées sont produites pour être vendues et subvenir aux besoins de scolarité et de santé des enfants ainsi qu’à l’amélioration des mes propres conditions de vie.»
Magloire Biwolé Ondoua