Cameroun : Céréales et légumes bio produits dans le Diamaré

Morelle noire, piment, tomate, oignons et sorgho bio de qualité sont proposés aux consommateurs par un producteur motivé à vendre les valeurs de l’agriculture écologique.

Godola, localité du département du Diamaré située à une quinzaine de kilomètres de Maroua peut se targuer de figurer parmi les lieux de production d’aliments bio que compte le Cameroun. Et si le village traversé par la route Maroua-Mora fait partie du cercle très fermé des destinations bio recensées au Cameroun, c’est surtout à Emmanuel Avoularion qu’il doit cette particularité.
43 ans révolus, ce père de 7 enfants qui a tourné le dos au système éducatif dès la classe de 3ème produit des aliments bio depuis 2006. Il dispose d’une superficie cumulée de trois hectares et demie sur laquelle est produite une grande quantité de sorgho ainsi que de la tomate, de la morelle noire, du piment et des oignons.
Fils de maraicher, c’est suite à sa participation à deux ateliers organisés respectivement par le Projet Niébé pour l’Afrique(PRONAF) et la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) qu’Emmanuel Avoularion trouve sa voie et décide de se lancer dans l’agriculture durable. « Ces ateliers m’ont permis de comprendre qu’il était possible de produire du Sorgho, du maïs du Niébé et du haricot sans dégrader nos terres. L’approche m’a convaincu et je n’ai pas hésité à me lancer», relate le quadragénaire.
Retrouvé dans sa plantation en ce 06 février 2018, son planning ne lui offre aucun moment de répit. Il s’assure de la qualité de l’arrosage effectué de bonne heure par son employé, observe sa pépinière de morelle noire, s’assure de la bonne santé de ses piments et cherche à confirmer la réception de 10 sacs de fumier dont la livraison aurait du être effectuée la veille.

Des intrants naturels pour produire légumes et céréales

« Pour mes légumes et mes céréales, j’utilise le fumier comme unique fertilisant. Cela assure une bonne qualité à mes produits et protège mes clients des potentielles maladies liées aux produits chimiques», explique Emmanuel qui a également fait le choix d’user d’insecticides obtenus de la valorisation des feuilles de Neem ou des feuilles de papayer. «Je fabrique mes insecticides ce qui me permet de réaliser des économies. De plus, ces insecticides protègent mes plantes sans toutefois tuer les insectes. Donc du point de vue de l’équilibre environnemental, je ne laisse aucune emprunte», indique l’agriculteur.
Destinés aux acheteurs du marché de Godola, les produits d’Emmanuel connaissent un succès tel que certains acheteurs n’hésite pas à se ravitailler dans ses plantations.
Alors que le sorgho produit de façon conventionnelle s’est vendu à Godola à vingt mille FCFA au terme de la campagne agricole 2018, ses céréales se sont arrachées à vingt cinq mille FCFA, ce qui a pour effet de l’encourager à poursuivre ses efforts.
Cependant, de l’aveu d’Emmanuel Avoularion, son défi majeur reste de parvenir à intéresser le grand nombre. La tâche sera ardue d’autant qu’il le concède : «La majorité des acheteurs s’intéressent malheureusement à la quantité plus qu’à la qualité».

Abbo Mohamadou

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