Maintenant que vous avez réussi à nous faire manger du riz 3 fois par semaine, nous exigeons que ce soit du bon riz, le riz camerounais. Et alors!
Après pratiquement 10 ans de discours et de bonnes intentions gouvernementales sur la promotion du riz local, on était en droit de s’attendre au passage à l’acte. Mais hélas!
En juillet 2019, les beaux discours ont cédé place à une réalité plutôt dure à supporter : l’étouffement et l’ensevelissement progressifs de la production locale.
Un tour à Yagoua et à Maga dans l’Extrême-Nord du Cameroun, permet de prendre la mesure du désastre. La Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry), fleuron de la riziculture camerounaise suffoque. 5 années de suite à stocker des milliers de sacs de paddy (riz non décortiqué) par manque de marché. 16.000 tonnes, apprend-on de l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic).
Le riz local pourtant de meilleur goût, est cloué au pilori par l’importé, moins bon, mais qui confère des marges bénéficiaires plus importantes aux commerçants. A Yaoundé, des distributeurs proposent le sac de 50 kg de paddy à 19.000 Fcfa, tandis que le sac de 50 kg de riz vietnamien décortiqué et prêt à cuire coûte 18.000 Fcfa. Le consommateur a-t-il besoin du paddy?
Comment oublier la cérémonie d’inauguration des deux grandes décortiqueuses actuellement en chômage à la Semry! Elles avaient été annoncées comme ultime solution au problème de déficit du riz camerounais sur le marché.
Où est alors le riz ?
Les enquêtes sur la consommation encore d’actualité révèlent que les ménages modestes en zone urbaine au Cameroun, consomment du riz près de 3 fois par semaine. Pourquoi l’Etat joue-t-il avec un domaine aussi sensible: le ventre de ses populations et les milliers d’emplois durables de la chaîne de valeur agricole. Son silence complice n’a fait qu’accentuer la descente aux enfers de la Semry et des riziculteurs qui en dépendent.
Il faut faire quelque chose. Chaque acteur épris du développement du Cameroun doit faire quelque chose pour sauver le riz stocké à Yagoua et à Maga. Ce riz de bonne qualité doit être décortiqué et vendu à bon prix aux Camerounais.
Une pétition à cet effet est disponible sur la page Facebook et sur le site web du journal www.lavoixdupaysan.net. La signer est un acte citoyen pour inviter le gouvernement à prendre ses responsabilités. C’est la responsabilité de l’Etat de sortir la production locale du naufrage. Assez de jouer avec notre riz!
Signons la pétition pour sauver le riz local sur www.lavoixdupaysan.net
Marie Pauline Voufo