L’agro-industrie d’huile de palme a englouti dans ses activités toute la population active. Mettant en péril même la production agricole de subsistance.
«On a faim. La vie est très chère ici. 500 Fcfa au moins, pour avoir un tas de trois petits doigts de banane plantain. Nos moyens sont limités.» S’indigne Florence Yene, ménagère à Ekondo Titi dans la région du Sud-Ouest Cameroun.
Ce cri fait partie du vécu quotidien des populations d’Ekondo Titi où la quasi-totalité de la population active travaille dans les exploitations de la société industrielle de production d’huile de palme (PAMOL). Logées dans des cabanes en bois vétustes construites il y a longtemps, les populations employées reçoivent une rémunération que d’aucuns évaluent non proportionnelle à la tâche effectuée.
Ces ouvriers à plein temps sont engouffrés dans les activités de la société agro-industrielle. Incapables de produire même ce qu’elles peuvent manger, c’est à dire leur gari et water fufu. Se nourrir à Ekondo Titi est compliqué. Très peu d’habitants produisent les aliments locaux. Ekondo Titi dépend des localités avoisinantes pour s’alimenter. Le mauvais état de la route joue en plus en sa défaveur, faisant grimper les prix des aliments qui y arrivent.
Une coopérative agricole de manioc
Situé dans le département du Ndiang, région du Sud-Ouest, Ekondo Titi est habité par les Balondos, principale ethnie locale et par beaucoup d’autres populations venues d’ailleurs et des pêcheurs venus du Nigéria voisin. Y arriver est un parcours périlleux. Les routes sont boueuses, impraticables surtout en saison des pluies. Cette situation rend encore plus cher les produits agricoles vendus sur le marché local.
Néanmoins, sous l’impulsion de l’élite locale, une coopérative de producteurs de manioc a été mise sur pieds, et de nombreux ouvriers de la palmeraie ont déserté pour s’adonner à la culture de ce tubercule, aliment de base de la localité. C’est par une prise de conscience collective qu’Ekondo Titi pourra faire reculer le spectre de la faim qui sévit dans les ménages.
Berthe Mewo