Docteur Antoine TCHOUBIA, Président de l’Ordre National des Vétérinaires du Cameroun (ONVC) explique comment les Pôles de Développement en Santé Animale (PDSA) mis en place dans le cadre du Projet Centres d’Innovations vertes pour le Secteur Agro-alimentaire (ProCISA), vont désormais devenir des cabinets vétérinaires dirigés par des Docteurs vétérinaires inscrits à l’ONVC.
Pourquoi la mise en place des Pôles de Développement en Santé Animale (PDSA) ?
Les PDSA ont été créés dans le cadre de la mise en œuvre du ProCISA, projet de la coopération germano-camerounaise. Leur objectif était de procéder à la vaccination des volailles locales contre la maladie de Newcastle et de mettre à la disposition des éleveurs, des médicaments de bonne qualité.
Sauf que ces structures ne répondaient pas aux exigences techniques et réglementaires. En effet, selon la réglementation, ne peuvent détenir des médicaments vétérinaires et les céder au public, que des docteurs vétérinaires installés en clientèle privée, les agents des services publics dans le cadre de leurs activités, les associations d’éleveurs avec à leurs têtes un docteur vétérinaire, et les auxiliaires travaillant sous l’autorité technique d’un docteur vétérinaire.
Par ailleurs, la maladie de Newcastle étant une maladie réputée contagieuse et à déclaration obligatoire, la loi dit que seuls les agents des services publics ou des docteurs vétérinaires installés en clientèle privée et détenteurs d’un mandat sanitaire octroyé par l’administration, peuvent procéder à des campagnes de vaccination contre de telles maladies.
Pouvez-vous expliquer la nouvelle vision des PDSA ?
Pour se mettre en conformité avec la loi, les PDSA doivent être transformés en cabinets vétérinaires avec à la tête de chacun un docteur vétérinaire qui, pour procéder aux vaccinations, devrait avoir un mandat sanitaire.
Depuis l’année dernière, il a été demandé à des consultants d’élaborer une stratégie d’insertion des docteurs vétérinaires à la tête des PDSA, ainsi que leur cahier des charges. Cette stratégie et le cahier des charges ont été examinés au cours d’un atelier à Kribi en novembre 2018 et ils ont obtenu une validation technique. Les documents sont actuellement soumis à la tutelle qu’est le Ministère de l’Elevage des Pêches et des Industries Animales (MINEPIA) pour validation définitive.
Pour l’instant, seul le Directeur des Services Vétérinaires a fait une observation pour désapprouver l’utilisation des vaccinateurs villageois par les cabinets vétérinaires.
Vu le temps qui s’écoule et le ProCISA ne devant plus assurer les frais de location des PDSA dès la fin du mois de juin 2019, il a été rappelé que tous les 20 PDSA existants doivent être transformés en cabinets vétérinaires avec cahiers des charges et ayant à leurs têtes, des docteurs vétérinaires inscrits à l’Ordre National des Vétérinaires du Cameroun.
Quel rôle jouera l’ONVC dans la mise en œuvre de cette nouvelle stratégie ?
L’Ordre National des Vétérinaires du Cameroun va travailler en synergie avec la Direction des Services Vétérinaires du MINEPIA pour accorder le mandat sanitaire aux vétérinaires responsables des PDSA.
L’ONVC veillera à ce que les vétérinaires et les auxiliaires vétérinaires respectent leurs obligations déontologiques. Il aura également le devoir de recenser les zones couvertes par les vétérinaires et leurs auxiliaires, afin de produire une base de données pour le retrait des dérogations accordées aux agents publics.
De combien de temps disposent les PDSA pour se conformer à la réglementation ?
En réalité, nous n’avons donné aucun délai. Tout dépendra de l’installation en clientèle privée des docteurs vétérinaires dans les différentes zones où se trouvent les PDSA.
Sur proposition de l’Ordre National des Vétérinaires du Cameroun, le MINEPIA a créé dans les 58 départements du pays, 58 postes d’exercice en clientèle privé. C’est une opportunité pour que dans chaque chef-lieu de département, il y ait un docteur vétérinaire.
Donc, tous les 20 pôles, notamment ceux qui se trouvent dans les chefs-lieux de départements, devraient être transformés en cabinets vétérinaires et placés sous l’autorité d’un docteur vétérinaire. Ceux qui se trouvent hors des départements, constitueront des cabinets secondaires. Les délais du processus dépendront de l’installation de ces docteurs vétérinaires et du mandat sanitaire qui leur sera accordé.
Propos recueillis par Abbo Mohamadou