Cameroun : Hommage, Il s’appelait Isaac Njifakue

Le communicateur, homme d’église et de société, a tiré sa révérence en décembre 2020 à 72 ans, laissant derrière lui une carrière et des idéaux qui parlent en sa faveur.

« Journaliste Principal hors échelle à la retraite, Chef d’entreprise, consultant indépendant en management et communication, Isaac NJIFAKUE est décédé le Samedi 12 décembre 2020 des suites d’une courte maladie à son domicile à Yaoundé.» Ce communiqué  de la famille du défunt sur Facebook a refroidi tous ses amis et connaissances.

Communicateur pétri de talent, Isaac NJIFAKUE l’était. Ce diplômé en 1981 de L’Ecole Supérieure Internationale de Journalisme de Yaoundé (ESIJY) -actuelle ESSTIC- a laissé ses marques de journaliste à la Radiodiffusion du Cameroun, puis comme Chef de service économie à la rédaction TV de la Cameroon radio and television (CRTV) où il a été par ailleurs promu Directeur du Centre de formation professionnelle de l’audiovisuel d’Ekounou, ensuite Chargé d’études à la Direction générale de la CRTV, qu’il quitte pour fonder son entreprise, International Media Conseils et Services (IMCS), bureau d’études en management et communication.

Homme de foi, Ancien Isaac NJIFAKUE, fils de catéchiste, était de toutes les batailles pour faire briller l’Eglise Evangélique du Cameroun (EEC) et particulièrement l’aire culturelle Bamoun à l’Ouest du Cameroun dont il est ressortissant.

Acteur de développement, cet ancien responsable de l’animation scientifique et de la vulgarisation des résultats de la recherche au Ministère de la Recherche scientifique et technique avaient des atomes crochus avec le monde rural et les désœuvrés. Cela a nourri sa vocation d’entrepreneur social qu’il aura été au cours de ces trente dernières années de sa vie.

A compter du 12 décembre 2020, on n’apercevra plus l’imposante silhouette de cet homme affable derrière laquelle se cache un fervent défenseur des idéaux de changement social.  Isaac s’en est allé sans crier gare, abandonnant à la postérité ses multiples chantiers de transformation sociale.

Le journal La Voix Du Paysan où il a fait valoir sa plume au début des années 1990 porte le deuil; ainsi que tout le Service d’Appui aux Initiatives Locales de Développement (SAILD), ONG où il est Président du Conseil d’administration depuis 2010, et l’Association Citoyenne de Défense des Intérêts Collectifs (ACDIC) où il seconde le géant Bernard NJONGA comme Vice-président.

Personnellement, j’ai eu à prendre la mesure de la profondeur de l’homme Isaac sur un de ces chantiers partagés, celui de l’assemblée générale d’un établissement de microfinance de la place, il y a une dizaine d’années à Yaoundé. Les débats ce jour étaient houleux entre les membres, on frôlait l’embrasement. Fort heureusement, dans le staff des administrateurs se trouvait un homme tempérant, sachant canaliser les passions. Isaac NJIFAKUE a fini par mettre tout le monde d’accord, avec pondération. Tout s’est bien terminé dans la paix.  Comme reporter, je lui ai demandé: que gagnes-tu pour tant de peine? Sa réponse spontanée m’as cloué le bec: ‘‘Pauline, je gagne à être utile aux gens.’’ Utile jusqu’à son dernier souffle, il l’a été, pas seulement pour sa famille et ses collaborateurs de service restés inconsolables, mais pour les franges sociales vulnérables sur lesquelles planchent ses idéaux.

Le Noun, département d’origine d’Isaac NJIFAKUE qui l’a vu naître le 12 janvier 1948, et dont il était fier de défendre les intérêts mordicus, pleure son élite. La terre du village Mapouoche à 15 km de Foumban sur la route de Malantouen, s’est refermée samedi 16 janvier 2021 sur les restes de ce digne fils du Cameroun.

Que la terre des ancêtres lui soit légère.

Marie Pauline Voufo

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