Cameroun : Il faut une intervention adaptée en milieu rural contre le Covid-19

Bebnone Payounni, Vice-Président de la Confédération Nationale des Producteurs de Coton du Cameroun (CNPC), Garoua.

C’est officiel, le Coronavirus a atteint la région du Nord. L’Etat a déjà pris des mesures pour contrer sa propagation. Comment réagit la plus grande fédération de producteurs agricoles du Septentrion que vous représentez ?

Nous sommes actuellement en pleine phase de commercialisation du coton. Par rapport à la riposte contre le Covid-19, la CNPC a pris soin d’envoyer dans chaque groupement paysan des masques, des cartons de savons et des gels hydro alcooliques pour que les producteurs exerçant dans la commercialisation puissent les porter et se désinfecter régulièrement les mains. Mais il faut surveiller que cela soit fait.

 Quelle incidence sur la campagne cotonnière ?

Il y a une forte incidence sur la campagne. Depuis l’arrivée du Covid-19, la commercialisation du coton prend du retard. La fin de cette phase était planifiée pour mi-mai. A cette allure, la Sodecoton prévoit de la prolonger jusqu’à mi-juin. Plus on retarde la fin des ventes du coton, plus on retarde la préparation de la campagne agricole. C’est dangereux. L’impact négatif commence à se présenter pour la campagne agricole à venir dans le nord.

 Y a-t-il des mesures édictées qui ne sont pas à la portée des paysans?

Oui, certaines mesures ne sont pas praticables en milieu paysan. Par exemple, la distanciation prescrite par l’Organisation Mondiale de la Santé et le gouvernement ne permet pas aux producteurs de se regrouper comme d’habitude pour travailler. S’ils la respectent à la lettre, il faudra s’attendre à une mauvaise production agricole. La conséquence directe sera le non remboursement des crédits de campagne.

De même, le port du masque semble négligé. Autour des lieux de consommation de la bière locale appelée Bil-bil, il n’y a aucun respect pour ces mesures.

Je pense que les autorités locales et la CNPC gagneraient à allier leurs efforts pour convaincre les producteurs avec l’approche et les moyens qu’il faut. Car si le Coronavirus pénètre en milieu paysan dans le grand nord, c’est la catastrophe.

Je profite de cette occasion pour dire aux contonculteurs et à l’ensemble des paysans qu’on ne joue pas avec le feu. Ils doivent collaborer à barrer la voie à cette pandémie.

 Selon vous, que faudrait-il faire pour que le monde rural soit pris en compte à sa juste valeur dans le dispositif anti Covid-19 ?

La CNPC c’est 250.000 producteurs de coton. Nous sommes promoteurs de l’économie rurale. Ce maillon de population doit être pris en compte de façon spécifique. Tout le monde ne comprend pas la loi, il faut donc une intervention adaptée en milieu paysan.

Nous tendons la main à l’Etat pour qu’ensemble nous aidions le milieu rural dans la maitrise des règles prescrites pour prévenir le Covid-19. Si la pandémie y pénètre, il y aura tellement de morts et nous allons tous perdre.

Propos recueillis par Denis Bambé

Print Friendly, PDF & Email

Vous pourriez aussi aimer