Des femmes membres de coopératives agricoles du Sud-Ouest et du Centre du Cameroun transforment le cacao en poudre, beurre et chocolat, suite à une formation réalisée par le Projet Centres d’Innovations vertes pour le Secteur Agro-alimentaire (ProCISA) de la GIZ.
Pendant une semaine, 20 femmes rurales issues de la région du Sud-Ouest du Cameroun, se sont retrouvées à Douala, au sein de la Société Commerciale et de Transformation de Cacao (SOCTRACAO) à Ndogbong, pour une formation pratique sur la transformation du cacao.
10 membres de ‘‘Union of Mbonge Area Farmers Cooperatives’’ (UNAMAFCOOP) de Kumba et 10 membres de ‘‘Bafia Farmers Cooperative (BAFIAFCOOP)’’ non loin de Muyuka ont pris part aux ateliers du 8 au 12 novembre 2021.
Cette formation est un appui du ProCISA aux groupements des femmes au sein de 13 coopératives du Sud-Ouest et du Centre avec un total de 200 femmes formées.
Ateliers pratiques
Au sortir des enseignements pratiques, les femmes rurales brandissaient fièrement le fruit de leur travail. Deux jours suffisent pour produire du chocolat et moins d’une demi-journée pour avoir de la poudre et de la pâte à tartiner.
Venues avec des fèves de cacao dans leurs bagages, les coopératrices du Sud-Ouest sont rentrées avec de la poudre de chocolat empaquetée, de la pâte à tartiner, du beurre de cacao et des plaquettes de chocolat estampillées aux noms de leurs coopératives.
« Qui dit chocolat, dit qualité » déclare le formateur, Dieudonné Ndeh de SOCTRACAO. Pour faire les choses jusqu’au bout, il a accompagné les femmes dans la conception d’un design portant le logo de chaque coopérative pour l’emballage de leurs produits. L’émerveillement était de taille face au rendu final.
« Avant cette formation, je n’avais jamais transformé le cacao. Je vendais ma production en fèves. Dès la prochaine campagne, au moins 1 sac de 100 kg sera transformé sur les 5 sacs de fèves que produit ma cacaoyère » déclare Ikeli Susan Wase de UNAMAFCOOP.
« Mon produit préféré est la poudre de cacao. Bonne à boire dans de l’eau chaude le matin par toute la famille, elle est facile à produire en 3 heures de temps » affirme Kara Maria Yogeh de BAFIAFCOOP.
Matériels de transformation
L’avantage supplémentaire de ces transformatrices est la dotation en équipements faite à leurs coopératives par le ProCISA au terme de la formation. Sur ces machines de taille artisanale ont été effectués les ateliers pratiques : un broyeur, une conche raffineuse, une presse manuelle, un congélateur, un groupe électrogène et un sèche-cheveux constituent le kit offert.
D’après Gilbert Fomukom, Conseiller Technique Senior au ProCISA, cette formation fait suite à d’autres déjà effectuées sur la chaine de valeur cacao, notamment sur les bonnes pratiques culturales et post récoles ainsi que sur la commercialisation. Il explique: « La transformation donne de la valeur ajoutée au cacao. Le cacaoculteur camerounais a pratiquement un seul marché, le marché extérieur où sont vendues les fèves au prix pas négociable par lui. Si la transformation locale se développe, le marché local du cacao s’agrandira, ainsi que la marge bénéficiaire du producteur ».
Marie Pauline Voufo
J’ai compris pourquoi il faut bien fermenter le cacao
Dorothy Nanje, UNAMAFCOOP, Kumba.
« Le cacao bien fermenté nous a donné un bon chocolat en deux jours. J’ai compris l’importance de la bonne fermentation du cacao. Cette formation a été facile pour moi. Je n’aurai pas de peine à la répliquer auprès des autres femmes de la coopérative».
Notre poudre de cacao a meilleur goût
Nhakeh Evelyn Yoneh, BAFIAFCOOP, Bafia.
« La poudre de cacao que nous avons faite a meilleur goût que celle vendue dans les commerces. Au vu de leur qualité, nos produits vont avoir des clients, je n’en doute pas».
On gagne plus du triple de ce qu’on investit
Dieudonné Ndeh, formateur, DG SOCTRACAO.
Que gagne-t-on à transformer localement le cacao ?
La réponse à votre question se trouve dans les résultats de cet atelier de formation des femmes du Sud-Ouest recommandées par la GIZ.
Elles sont venues avec leur cacao. Nous avons rejeté ce qui n’était pas de qualité et avons retenu 10 kg de fèves bien fermentées et bien séchées. C’est cela qui donne du bon chocolat parfumé. Sur le marché, 10 kg de fèves se vendent à 10.000 FCFA.
Pour fabriquer, des produits vendables localement nous avons acheté d’autres ingrédients tels 8 kg de lait en poudre à 24.000 FCFA et 5 kg de sucre en poudre à 4.000 FCFA.
A la fin de la formation, elles ont recueilli: 15 kg de poudre lactée, 2 kg de tartine, 5 kg de chocolat au lait et 1 kg de beurre. C’était en fait 2 kg de beurre, mais l’autre litre a été utilisé pour fabriquer le chocolat.
Le produit le plus simple à fabriquer est la poudre de cacao. A 1000 FCFA la boîte de 200g, 15 kg rapporteraient 75.000 FCFA.
Ces 23 kg de produits transformés dont les ingrédients ont coûté 38.000 FCFA, peuvent être vendus à près de 140.000 FCFA sur le marché. Soit plus du triple du montant investi.
Marie Pauline Voufo