D’abord abandonnés, les villages autour du lac Nyos dans la région du Nord-Ouest, retrouvent peu à peu ses habitants. Les terres disponibles et fertiles ont eu raison de la peur.
Une journée de reportage comme toutes les autres, le mercredi 6 juillet 2016, sur les rives du lac Nyos dans la région Nord-Ouest du Cameroun, l’on observe les eaux calmes du lac coulant dans la vallée.
Hormis le chant des oiseaux qui dansent sur les arbres à proximité du lac et la douce mélodie des eaux qui coulent dans la vallée, seuls les moniteurs de gaz carbonique (CO2) accrochés aux sirènes pour signaler tout danger en cas d’excès de CO2 dans l’air et un camp militaire abandonné, montrent des signes que ce lac a une histoire.
Mais en ce jour de juillet, en traversant le long du lac sur une moto pour rejoindre les quartiers où les survivants de cette catastrophe ou leurs descendants sont retournés s’établir, la vie est revenue à la normale. Les bétails et humains se déplacent librement. C’est un jour de fête pour les Peuls de la région. Les hommes sont partis pour la prière, et les femmes sont en train de préparer de la nourriture pour la célébration du Ramadan. Ceux qui ont déjà apprêté leurs repas ont envoyé leurs enfants chez leurs voisins non musulmans pour donner leur part de nourriture.
Il n’y a plus de peur, les habitants ont été rassurés qu’il n’y aura plus d’explosion de gaz mortel. Toutefois, ces horribles souvenirs de ce qui s’est passé il y a 30 ans persistent dans la mémoire des survivants.
Evocation: Susan N. Nasr, écrivant pour un site Web de science a dit que le Lac Nyos a longtemps été connu pour son calme et sa couleur bleue jusqu’à ce soir du 21 août 1986. Les agriculteurs vivant près du lac ont entendu des grondements et au même instant, une pulvérisation mousseuse a été éjectée d’une centaine de mètres du lac formant ainsi un nuage blanc au dessus de l’eau. Lorsque les personnes vivant près du lac sont sorties sur la route pour s’enquérir de la situation, elles ont perdu connaissance. D’autres s’effondraient à la maison, perdant connaissance ou mourant en peu de temps. A Nyos et Kam, les deux premiers villages touchés par le nuage, tout le monde a perdu la vie à l’exception de quatre habitants qui étaient en hauteur. Le nuage continuant son chemin dans la vallée a tué des personnes se trouvant jusqu’à 25 kilomètres du lac.
Deux jours après, c’est-à-dire le 23 août 1986, le nuage s’était presque dissipé et avait laissé place au silence. Les quelques survivants ont découvert avec horreur la mort des membres de leur famille, des voisins et des animaux. Environ 1700 personnes et plus de 3000 têtes de bétails ont péri ce jour-là.
En 2016, 30 ans après cette catastrophe naturelle, agriculteurs et éleveurs revenus s’établir sur les terres fertiles autour du lac, se remettent peu à peu de leurs blessures psychiques.
Joy Ful