La ferme de Kaffo par Baham, est une grande curiosité dans ce village des Hauts-Plateaux de l’Ouest. Spécialisée dans l’agriculture sous serre, elle accueille des jeunes camerounais de tous bords, assoiffés d’innovations agricoles.
Sur les flancs de collines perchées, dans une zone naturellement montagneuse, les serres de Kaffo crèvent de loin l’œil du visiteur. De somptueuses bâtisses en matière plastique tenues sur des supports en matériaux locaux, surplombent les champs ordinaires.
La propreté à l’entour et le pédiluve à l’entrée de chaque serre témoignent du sérieux de l’affaire. ‘‘On n’entre pas en serre sans se désinfecter les plantes des pieds’’, prévient le responsable technique de l’exploitation.
Emerand Minkoumou, agronome stagiaire venu de la Faculté d’agronomie et des sciences agricoles de Dschang (FASA) conduit des mains de maître cette ferme complexe depuis plusieurs mois. Ce natif de Ngoumou dans le Centre du Cameroun y exprime sa technicité et sa passion. Dans ce fin fond de Baham qu’il a fini par apprivoiser, il se sent comme poisson dans l’eau. Pas moyen de le perturber, Minkoumo est dans son élément.
Quatre serres fonctionnelles
La ferme de Kaffo accueille sous ses serres tout jeune stagiaire qui se veut sérieux et disposé à en apprendre sur l’agriculture sur serre, affirme son promoteur, Emmanuel Kouokam Dodjou.
Cet ancien assureur non moins jeune, fils de paysan et mordu d’agriculture a décidé de démissionner de son emploi où selon ses termes, il était grassement rémunéré, pour retourner à sa passion originelle de manière originale.
Ses terres de Baham le lui rendent bien. En septembre 2020, il est à quatre serres construites et fonctionnelles. La plus petite s’étend sur 300 m² et la plus grande sur 450m².
Les serres de Kaffo abritent des cultures maraîchères: tomate, poivron jaune et rouge, piment, fraise. Le fraisier, la plus grande curiosité de la ferme, se fait en culture étagée sous serre dans des bacs en bambou rafia. Les premières récoltes de fraise sont annoncées pour bientôt.
La pionnière des serres installée en septembre 2019 a déjà réalisé une récolte de tomates. Le promoteur ne cache pas son émerveillement face aux résultats obtenus. ‘‘Deux tonnes de tomate sur 300 m², c’est énorme! En champ, il faut au moins 1000 m² pour espérer ce volume de fruits.’’ affirme-t-il.
Il doit ce résultat au suivi méticuleux des serres. Chaque serre est équipée d’un dispositif d’irrigation goutte à goutte. Par ces temps pluvieux à l’Ouest du Cameroun au mois de septembre, les plants sont à l’abri des pluies torrentielles. L’irrigation se poursuit dans la serre sous l’œil avisé d’Evrad Merlin Mvogo Ngosso, élève ingénieur des travaux agricoles à l’Université catholique de Bafang et de son camarade Idriss Leonel Tiomou Goupeyou.
‘‘Je voulais me former pour faire l’agriculture autrement. J’ai été toujours passionné par les serres. La ferme de Kaffo m’a donné la possibilité de les toucher du doigt. Pendant mon stage académique ici, je rallie la théorie à la pratique.’’ Confie, tout fier, Mvogo.
La ferme de Kaffo, d’après son promoteur, entend devenir à terme une référence en matière d’agriculture sous serre, bien plus, un vulgarisateur de ce moyen de production au Cameroun et au-delà.
Quand les réalités du terrain inspirent l’école, celle-ci produit des profils adaptés et prêts à l’emploi. Un centre de formation à vocation agricole va ouvrir ses portes à Kaffo dès la rentrée scolaire 2020-2021 avec pour cœur d’enseignement la théorie et la pratique de l’agriculture sous serre. C’est l’autre projet d’Emmanuel Kouokam Dodjou.
Marie Pauline Voufo