Cameroun : L’agroécologie dans les pratiques agricoles à Ndemba 1 et Dongo

Les producteurs de ces deux villages du département du Lom et Djérem région de l’Est cultivent des légumineuses et procèdent à la rotation et l’association des cultures pour fertiliser les sols.

Les terres agricoles dégradées du village Ndemba 1 dans l’arrondissement de bélabo et Dongo dans l’arrondissement de Diang région de l’Est retrouvent peu à peu leur fertilité. Ceci grâce au projet intitulé «Agroécologie pour le renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des familles de petits agriculteurs dans les régions de l’EST et de l’Extrême Nord Cameroun (AE-SAN)». Ce projet financé par Pain pour le monde, (organisme allemand du Service protestant de développement) est mis en œuvre dans la région de l’Est par l’ONG Service d’Appui aux Initiative Locales de Développement (SAILD).
Déjà, pour la première campagne agricole, les résultats sont visibles. Rodrigue Gassang est facilitateur endogène d’un groupe de 20 producteurs donc 12 femmes et 8 hommes. Selon lui, les cultures du soja, arachide et du pois cajan vulgarisées dans le cadre du projet ont reçu un écho favorable auprès des bénéficiaires qui ont vu leur sol se rendre fertile et les rendements agricoles améliorés.
Yves Meleng, bénéficiaire à Dongo, reconnait que les techniques apprises dans la production et la protection naturelle des plantes lui ont permis d’obtenir des bons rendement dans sa parcelle de soja et d’arachide. Au-delà de l’association et de la rotation des cultures, les bénéficiaires ont appris à fabriquer eux même le compost, des fongifuges et insectifuges à bases des plantes pour traiter les plantes et lutter contre leurs ravageurs.

Le CEP, clé de réussite

L’exécution du projet AE-SAN à Ndemba 1 et à Dongo a considérablement réduit les dépenses des agriculteurs en ce qui concerne l’achat des semences et d’intrants chimiques. Aussi, elle a permis de remettre en activité les terres abandonnées des abords d’habitations en les rendant plus fertiles.
Pour Stéphanie Akono, responsable du projet à l’Est, « les localités couvertes sont des zones de transition entre la savane et la forêt. Grâce au projet, les populations des 10 villages, Ndemba 1, Dongo, Mbeth 2, Gouékong, Djangané, Mboulaye 1, Dombomé, Sambi, Bazama dans le Lom et Djérem et Sibita dans le Haut Nyong récupèrent progressivement les espaces abandonnées. »
Selon Kévin Bouchéké, Ingénieur agronome et responsable volet agricole dans le projet, le secret de cette restauration des terres se trouve l’application par les producteurs des techniques et pratiques enseignées dans les Champs Ecole Paysan (CEP). L’association et la rotation des cultures, la pratique de la jachère améliorée avec le pois cajan, la fabrication du compost et le paillage en sont quelques-unes.
Les agriculteurs, utilisent désormais le potentiel de la nature pour produire ce qu’elles peuvent consommer et commercialiser l’excédent. Pour la première campagne agricole 2022, environ 20 hectares de terres ont été restaurées dans les villages Ndemba 1 et Dongo, avec l’application des techniques de culture agroécologiques à travers la culture du soja, arachide, haricot, pois cajan, maïs, gombo, piment, macabo, patate douce.

Magloire Biwolé Ondoua

 

« L’agroécologie est la bienvenue pour les producteurs »
Gassang Rodrigue, facilitateur endogène Ndemba 1.

A Demba 1, nous avons bien accueilli le projet Pain pour le monde. La culture du soja et du haricot était méconnue des populations. Dès la première campagne, nous avons reçu du SAILD de la semence et avec l’application des techniques apprises dans le champ école paysan, tous ici nous avons obtenu de très bonnes récoltes de soja et du haricot. J’avoue qu’en tant que facilitateur endogène, j’ai été émerveillé des résultats obtenus par les agriculteurs dans leur champ respectif. Ces résultats prennent en compte la restauration des sols et les rendements. Cela montre qu’à Ndemba 1 l’agroécologie est la bienvenue.

 

« J’ai définitivement abandonné les intrants chimiques »
                                                                                 Etho Philemon, facilitateur à Dongo.

Après les enseignements dans les champs écoles paysan, la plupart des agriculteurs à Dongo ont opté sur l’association et la rotation des cultures. Ce sont des formes anciennes de production utilisées ici, mais de manière désordonnée. Aujourd’hui, l’association et la rotation des cultures telle apprise au CEP nous montrent des avantages écologiques et économiques. Les intrants chimiques qui coutent d’ailleurs très chère ont été remplacés par les produits de traitement et de fertilisation naturelle peu couteux. Mes rendements sont bons, seulement pour la première campagne, j’ai obtenu dans ma petite parcelle, 5 sceaux de haricot ce qui était impossible pour nous les agriculteurs. Cette première récolte m’encourage à augmenter les espaces. A la prochaine campagne, je compte aller pour un demi-hectare.

Propos recueillis par
Magloire Biwolé Ondoua

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