Plus qu’une source de revenus périodiques, la production du cacao procure désormais un salaire mensuel régulier aux cacaoculteurs de Ntui grâce au concept du cacao d’excellence développé par la coopérative agricole locale.
L’expression cacao d’excellence ne rappelle pas grand-chose à de nombreux cacaoculteurs camerounais. Pourtant, c’est un cacao apprécié sous d’autres cieux pour sa saveur dans le chocolat.
A Ntui dans le département du Mbam et Kim au Centre du Cameroun, seuls les cacaoculteurs réunis au sein de la Société Coopérative des Entrepreneurs de Cacao du Mbam et Kim (SOCOOPEC-MK) peuvent témoigner des bienfaits liés à la production et la commercialisation de ce cacao.
Ici, le principe est simple. A chaque vente, 50% du paiement sont remis au producteur. Les autres 50% sont reversés dans le compte ouvert au nom du membre dans une institution financière locale. Cette somme sera par la suite divisée en 12 mensualités. A chaque fin du mois, le cacaoculteur inscrit à la coopérative entre en possession de son dû comme d’un salaire mensuel.
Cette stratégie adoptée par les responsables de la SOCOOPEC éloigne les producteurs de cacao de la précarité financière dont ils sont souvent victimes, surtout en période morte.
Ouverture des comptes bancaires
A Ntui, la production du cacao d’excellence est devenue le socle du développement. Bernard Ondoa Amoka, cacaoculteur et vice-président du Conseil d’administration de la SOCOOPEC-MK s’y étend avec fierté. Lui demander de parler du cacao d’excellence c’est le pousser à résumer toute sa vie dans la cacaoculture. Tant l’activité fait partie intégrante de lui.
Il faut remonter dans le temps pour comprendre l’adoption de ce système par les producteurs. Durant sa tendre enfance dans le Mbam et Kim, Bernard Ondoa Amoka s’est familiarisé à la cacaoculture très pratiquée dans la localité. Ses parents étaient cacaoculteurs. Un bref parcours scolaire et plusieurs tentatives malheureuses pour une intégration à la fonction publique l’obligent à retourner à la terre natale.
Bernard a déjà en tête, la réhabilitation des parcelles cacaoyères laissées par ses parents et bien plus, la création d’autres champs. Il réalise son rêve. Habité d’un esprit coopératif, il intègre la coopérative locale, qui en ce moment-là avait pour activités principales, la production et la commercialisation du cacao de grade un, avec un total de 360 membres.
Avantages du Centre d’excellence
Dans l’optique de maximiser ses bénéfices, la coopérative va signer des partenariats avec des grandes firmes de chocolaterie en Europe. Celles-ci vont à leur tour imposer à la coopérative une mise à disposition d’un cacao certifié et tracé. Les exigences qualité-prix vont s’accroître. Le Centre d’excellence de traitement de cacao de la SOCOOPEC-MK, implanté sur une superficie de deux hectares, verra le jour en 2018 dans le village Bindalima non loin du centre-ville de Ntui.
Dès lors, la SOCOOPEC-MK devait assurer la production, le traitement, la fermentation, le séchage, le tri, le conditionnement et la commercialisation du cacao dit d’excellence. Le prix du kilogramme de ce cacao sorti du Centre d’excellence de la SOCOOPEC-MK est fixé à 1800 FCFA contre 800 à 1000 FCFA le kg du cacao tout-venant.
D’autres avantages que procure le Centre d’excellence sont l’accompagnement multiforme des producteurs, la réduction des cas de vol et la production d’un cacao certifié et tracé avec un débouché sûr.
Du fait des exigences qu’impose la production d’un cacao d’excellence, la majorité des membres a démissionné au début. La coopérative s’est retrouvée avec à peine 20 membres en 2019. Fort heureusement, ils ont tenu bon. En 2022, le cacao d’excellence fait l’unanimité.
De 20 membres en 2019, grâce à la stratégie d’ouverture des comptes, 17 nouveaux membres ont rejoint la coopérative, pour un total actuel de 37 membres qui chaque mois, comme des fonctionnaires passent à la caisse toucher leur salaire.
Magloire Biwolé Ondoua
Bonjour chers tous
Très bon article sur le cacao. Je suis un producteur de cacao Gabonais qui possède 5 ha. Ce serait intéressant de vulgariser une telle initiative au Gabon et dans la sous région Afrique Centrale car le prix du Kg du cacao ordinaire est de 800-1000 FCFA, ce qui fait qu’on produit à perte car les charges sont au dessus des revenus. Avec 1800 FCFA/Kg, on est sûr d’avoir une certaine marge bénéficiaire.
Je regrette toutefois que l’article ne soit pas plus explicite sur les conditions d’élaboration du cacao d’excellence.
Longue vie au journal Le Paysan
La suite est dans ce lien, les astuces pour avoir un cacao d’excellence : https://www.lavoixdupaysan.net/cameroun-quelques-astuces-pour-obtenir-un-cacao-dexcellence/