L’intérêt porté au réchauffement climatique figure à peine dans les programmes d’enseignement des différentes écoles et centres de formation aux métiers agropastoraux.
Le changement climatique n’est pas la priorité des écoles et programmes de formation des jeunes en agribusiness. Les formations sont certes adaptées aux besoins et à la demande des acteurs du développement agricole mais elles varient aussi d’un centre à un autre. Dans un contexte climatique délétère, leur contribution est pourtant déterminante.
Au Cameroun les structures de formation sont nombreuses. On peut citer : le programme PCP-AFOP, PEA-Jeunes, Enable Youth Cameroun, Plan Triennal Spécial Jeune, Pajer-U, les Ecoles Techniques d’Agriculture à travers le projet ABF (Agri Business Facility for Africa) de GIZ ou encore le PNUD à travers le RFF (Rapid Financial Fund), l’Institut Agricole d’Obala (IAO), le Centre de Formation en Elevage, Pisciculture et Agriculture (CEFPREPAS), la liste est loin d’être exhaustive. Ces structures forment et ont déjà formé de milliers des jeunes dans l’entreprenariat agropastoral. Ils ont bénéficié de l’expertise qui favorise l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs agricole bien formés comme le souligne Lionel Sally, cadre assistant à la Division de l’insertion et de la Coopération à l’Institut Supérieur des Sciences Agronomiques de l’Environnement et de l’Entreprenariat Rural (ISSAEER).
Certains jeunes formés affirment avoir fait toute leur formation sans qu’un module sur le changement climatique soit abordé. C’est le cas de Cindy Theoska qui, à la suite d’un recrutement très sélectif a été admise au Programme de Développement des Chaines de valeur agricole (PDCVA) mis en place par le gouvernement et d’autres partenaires au développement. « Durant notre formation nous n’avons pas eu de module sur le changement climatique. Mais on nous a demandé de penser à cet aspect dans l’élaboration de nos idées d’entreprises », déclare la jeune dame.
A Ebolowa, après un an de formation au PEA-Jeune, Elise Mvondo vient de démarrer la production d’un hectare de piment et reconnait l’influence du changement climatique dans le développement de l’agriculture. « Le changement climatique impacte beaucoup notre production mais je ne dispose pas suffisamment de connaissance pour m’adapter », avoue-t-elle.
Une timide prise en compte de l’aspect environnemental
Toutefois, certains centres de formation intègrent peu à peu cette problématique dans les cours dispensés.
Anderick Mbondo est un aspirant agri-preneur, le jeune homme est en formation à l’ISSAEER de Yaoundé. A la fin de sa formation, il entend se lancer dans la production maraichère et est certain que le changement climatique va influencer son activité. « Je recherche déjà des méthodes d’adaptation pour ne pas être trop vulnérable le moment venu. Pour cela, je peux compter sur les connaissances apprises lors de ma formation », affirme-t-il. A l’ISSAEER, Anderick Mbondo a parcouru les modules tels que la conduite d’un système de production dans un contexte de développement durable, le climat, l’atmosphère, la pollution, les caractéristiques d’un écosystème agro-pastoral.
D’après Ulrich Obougou, jeune formé en agribusinness et aujourd’hui président d’une coopérative agricole, le défi de ces centres serait de changer de discours pour maitriser les méfaits du changement climatique en production agricole.
Les technologies adaptées aux changements climatiques et l’utilisation des informations agrométéorologiques peuvent constituer des approches nouvelles afin d’adapter la formation agricole au changement climatique. Certains partenaires au développement comme la coopération allemande (GIZ) ont entrepris d’aider ces écoles de formation à intégrer dans leurs référentiels de formation le volet changement climatique. Une étude dans 18 centres de formation en Afrique Centrale et de l’Ouest vient d’être menée dans ce sens. Sur la base des résultats déjà disponibles, la GIZ leur propose d’ajouter de nouveaux modules liés au climat pour les formations.
La nécessité d’une nouvelle approche
L’Institut Supérieur d’Agriculture et de Gestion d’Obala (ISAGO) depuis quelques années, fait intervenir l’enjeu climatique dans son curricula de formation. Il donne des ressources aux apprenants pour être aptes à travailler dans un environnement où le climat est déraisonné : ici, les apprenants sont outillés sur les aspects météorologiques. En outre, ISAGO forme les apprenants à être des agriculteurs responsables en observant les pratiques agroécologiques. Selon NKoa Alima, Directeur de cet Institut, « une fois vous avez été formé en agroécologie vous êtes obligé de changer votre manière de faire ».
Agnès Aurore Balep
(Stagiaire)