Lambert Mekamba, agriculteur et facilitateur du Champ Ecole Paysan (CEP I) du village Gouékong dans la région de l’Est a su mettre en application la pratique de la jachère améliorée sur ses parcelles abandonnées. Sur le conseil du Service d’Appui aux Initiatives Locales de Développement (SAILD), il fertilise ces parcelles en y plantant le pois cajan.
Qu’est-ce qui vous a amené à adopter la jachère améliorée comme technique de restauration du sol?
J’ai appris le système de jachère améliorée pendant la mise en œuvre par le SAILD, du projet Renforcement de la sécurité alimentaire et amélioration de la diversité alimentaire des familles des petits agriculteurs dans les régions de l’Extrême Nord et de l’Est Cameroun.
Ce n’est pas la seule technique apprise dans le cadre du projet dans notre village. Nous avons appris au moins trois techniques de restauration des sols à savoir: La fabrication et l’utilisation du compost, l’association et la succession des cultures puis la jachère améliorée. Cette dernière a été motivée par le fait qu’elle vient résoudre un gros problème de terre fertile que nous avons. Il nous a été révélé que la pratique de la jachère améliorée ne se fait pas comme dans la jachère classique où il faut attendre 4 à 5 ans pour que le sol se reconstitue. Pour celle dite améliorée il faut juste quelques mois pour que le sol retrouve sa fertilité.
Comment étaient les parcelles avant l’arrivée du projet ?
Notre village est connu pour la production du manioc, macabo et banane plantain. Ces cultures sont exigeantes en termes de qualité du sol. Ces spéculations étaient produites sur de grands espaces à proximité des habitations. Une seule campagne suffit pour aller ailleurs chercher un autre espace fertile. Au fil du temps, l’écart considérable s’est creusé entre les habitations et les sites de production. A l’heure actuelle, de la maison aux forêts fertiles, nous comptons près de 10km. Les parcelles proches des habitations sont restées infertiles et subissent au fil des jours l’action des feux de brousse.
Comment avez-vous été convaincu par cette technique ?
Le projet a tout pensé pour nous faciliter la tâche. La méthode et la pratique ont été très accessibles pour nous. Personnellement, ce qui m’a convaincu c’est la mise sur pied dans notre village d’un Champ Ecole Paysan où tout était appris. Au vu des résultats, ce CEP a permis aux membres du groupe et même aux sceptiques du village de croire au projet. Pour preuve, sur 30 bénéficiaires inscrits pour le compte de notre village, 25 se sont appropriés du concept de restauration des sols à travers la culture du pois cajan et l’utilisation du compost.
Pourquoi avez-vous choisi le pois cajan comme culture de restauration des sols ?
Le choix du pois cajan comme légumineuse de fertilisation a été fait au regard de son efficacité sur la reconstitution des sols. En plus, il est facile à cultiver, occupe et fertilise très vite les parcelles et surtout pour ses multiples vertus dans le volet nutritionnel. Actuellement, l’espace d’un hectare qui a été occupé par le pois cajan à la dernière campagne est occupé par le macabo et le manioc. Et, l’évolution de ces deux spéculations me montre que le sol est fertile. Ce qui m’annonce une meilleure récolte. Cette année j’ai décidé d’augmenter la culture du pois cajan sur 3 hectares.
Vous avez parlé des vertus nutritionnelles, quels effets vous procure le pois cajan ?
Dans la nutrition, le pois cajan est formidable. Il est cuisiné comme le haricot et selon les enseignements, il remplace certaines viandes. Le bien avec cette culture c’est qu’elle peut durer 2 ans et produire à tout moment, qu’on soit en saison sèche ou de pluies. Coté santé le pois cajan est une source d’énergie tant chez l’adulte que chez les enfants. Vous n’avez qu’à observer mes deux derniers enfants. Ils étaient régulièrement malades. Depuis qu’ils consomment de manière régulière le pois cajan et non plus seulement le manioc, ils ne sont plus maladifs.
Propos recueillis par
Magloire Biwolé Ondoua