Cameroun : Le poivre de Penja tient bon

René Claude Elogo Metomo, Président du groupement représentatif de l’IG poivre de Penja.

Le Poivre de Penja obtient l’indication géographique en 2013. Depuis lors, comment se porte la filière?
Rappelons-le, les producteurs de poivre de Penja se sont d’abord regroupés en association, leur but étant d’aller vers l’indication géographique Poivre de Penja (IGP). Une fois l’IGP obtenue, l’association se transforme en groupement représentatif de l’IG poivre de Penja. Régie par un statut et un règlement intérieur, cette structure comporte à ce jour une assemblée générale et un bureau exécutif. Notre objectif est de pérenniser notre indication géographique.

Comment s’effectue dès lors, le fonctionnement de ce groupement de producteurs ?
Nous accompagnons et encadrons nos producteurs. Ceci, à travers des formations, des achats d’intrants groupés, la recherche et l’obtention des financements. Nous formons les jeunes à travers le programme PEA-Jeunes. Nous avons également créé une association de pépiniéristes et celle de distributeurs agréés au sein de notre groupement.

Pourquoi créer une association de distributeurs au sein même du groupement ? Est-ce à dire que les producteurs eux-mêmes ne commercialisent pas leurs récoltes ?
L’intérêt pour nous de créer une association de distributeurs agréés au sein du groupement est celui, d’exiger aux commerçants non-producteurs, de respecter notre cahier de charges. Un document d’ailleurs très pointilleux sur la qualité de l’épice qu’on met sur le marché. Le poivre de Penja étant un produit à valeur ajoutée, il fallait éviter toute forme de contrefaçon et contrebande à notre niveau.

Malgré toute cette structuration, le consommateur a du mal à reconnaitre le poivre de Penja sur le marché. Qu’est-ce qui cloche ?
La contrefaçon ne permet plus au consommateur d’identifier le vrai du faux. Mais dès l’ouverture du centre de conditionnement et d’agréage, le poivre de Penja sera repérable à partir de son packaging et de sa vignette sécurisée. L’épice ne sera plus vendue en vrac.

Le kg coûte à présent 4000Fcfa sur le marché local, nous sommes loin de 2015 où il variait entre 12 et 15.000. Qu’est-ce qui fait problème ?
En réalité, c’est le marché local qui a tendance à fixer les prix. Effectivement, le kg de poivre de Penja oscille entre 6000 et 4000Fcfa. La baisse du prix du poivre est due à la contrefaçon. Les commerçants véreux, importent du poivre n’importe comment et l’appellent poivre de Penja.

A cette chute du prix du kg, s’ajoute la sècheresse…
J’ai perdu plus de 20.000 poivriers dans ma plantation pendant la saison sèche. Ce qui correspond à 10 hectares. Les changements climatiques sont devenus une réalité palpable pour la filière. Au sein du groupement, plusieurs champs ont séché. A Loum par exemple, il y’a des producteurs qui ont tout perdu. Nous avons du mal à nous adapter face à ces conditions climatiques. Il nous est difficile de penser faire du poivre sans développer de nouveaux systèmes d’irrigation. Une option qui coûte cependant très chère.

Face à toutes ces difficultés doit-on craindre pour l’avenir du poivre de Penja ?
La filière poivre est juste sinistrée. Mais bon… Nous abordons tous ces faits avec courage et pugnacité. Nous pensons que quelles que soient ses difficultés, le poivre de Penja tiendra le bon.

Propos recueillis par
Sonia Omboudou

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