Cameroun : Le soja nourrit et soigne des enfants à Dongo et Ndemba 1

Les bouillies et aliments faits à base de la légumineuse permettent aux populations des localités qui abritent le projet de lutter contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition.

Andréa et Olivier sont jumeaux et ont chacun un an six mois. Mais dans leur vêtement ample, ils ressemblent aux bébés de quelques mois. Entre les bras de leur mère, Marie Nyamot, ils ont un visage pâle, des pieds tremblants, à peine ils peuvent marcher. « Je peux vous dire que mes enfants reprennent leur corps petit à petit, il y’a de cela trois semaines leur état était critique », rassure Marie Nyamot 27 ans paysanne à Ndemba 1. Pour elle, si ses enfants sont encore en vie, c’est grâce à maman Pauline Nga Beng qui, depuis quelque temps, prépare pour leur consommation quotidienne, des bouillies thérapeutiques à haute valeur nutritive faites de soja, arachide, maïs, poisson écrasé, miel destinées à la lutte contre la malnutrition.
Pauline Nga Beng est non seulement maman mais aussi animatrice endogène choisie par le projet «Agroécologie pour le renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des familles de petits agriculteurs dans les régions de l’EST et de l’Extrême Nord Cameroun (AE-SAN)». Ce projet financé par Pain pour le monde, (organisme allemand du Service protestant de développement) est mis en œuvre dans la région de l’Est par l’ONG Service d’Appui aux Initiative Locales de Développement (SAILD). Ses bouillies ne sont pas seulement consommées par Andréa et Olivier. Trois fois par semaine, elle organise des séances d’éducation nutritionnelle pendant lesquelles elle apprend aux femmes et jeunes filles à préparer les bouillies pour leurs enfants.

Réduction de la malnutrition

Selon Pauline, avant l’arrivée du projet, le village Ndemba avait perdu plusieurs de ses enfants à cause de la malnutrition. De plus, certaines femmes ne croient pas à l’existence de la malnutrition et accusent les sorciers de manger leurs bébés.
Depuis la vulgarisation de la culture et de la consommation du soja dans le village, elle observe une diminution considérable des cas, surtout ceux dits sévères.
Si à Ndemba 1 la malnutrition est combattue grâce à la prise de conscience des populations de nourrir leurs enfants à partir du soja, à Dongo, les femmes ont pris le soja comme aliment de base. La légumineuse est consommée dans tous les mets. « Nous mettons à la disposition des populations et surtout les enfants les sauces de soja, légume, bouillie, beignets et d’autres mets à base du soja », affirme Bibiche Nyakanga, animatrice endogène.
D’après Stéphanie Akono, nutritioniste et responsable SAILD dans la région de l’Est, à terme, les femmes des villages qui abritent le projet doivent elles-mêmes satisfaire leurs besoins alimentaires avec la culture du soja, du haricot et même des arachides tout en promouvant de bonnes pratiques en matière de nutrition au sein des familles, prévenir la malnutrition et améliorer l’état nutritionnel de leurs enfants pour améliorer les conditions de vie.

Magloire Biwolé Ondoua

 

                                         « Grace au soja, les enfants sont mieux nourris »
Pauline Nga Beng, animatrice à Ndemba.

L’éducation nutritionnelle que je transmets aux populations, je l’ai reçu des formations qui nous ont été faites par les responsables du SAILD. Il est question pour moi de lutter contre la malnutrition des enfants de Ndemba 1. Les populations de mon village ont trop souffert, nous avons perdu beaucoup d’enfants à cause de fléau. Chaque mois nous perdions au moins un enfant. Depuis que nous suivons les enseignements sur la confection des mets à base du soja, les enfants de notre village sont de plus en plus mieux nourris. L’idéal est que le projet soit implémenté dans tous les villages de l’arrondissement de Bélabo afin d’éradiquer la malnutrition dans nos familles.

 

« Je fais du porte à porte pour sensibiliser »
                                         Bibiche Nyakanga, animatrice à Dongo.

Vous nous trouvez en pleine séance de préparation de la bouillie à base de soja. Cette bouillie contient le soja lui-même, l’arachide, le poisson fumé écrasé. Il est question de combattre la malnutrition qui sévi dans mon village. Les enfants de moins de 5 ans constituent ma cible. Depuis l’introduction de la culture du soja dans le village et l’organisation des séances de démonstration sur la préparation des aliments à haute valeur nutritive, j’ai eu à remonté plus de 10 enfants en état aiguë, qui sont aujourd’hui bien nourris. Avec le porte à porte, aujourd’hui, j’ai sensibilisé et rassemblé 20 femmes pour une cinquantaine d’enfants nourri.

Propos recueillis par
Magloire Biwolé Ondoua

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