Plantations dévastées, des abris en insécurité, les populations riveraines crient à l’aide.
Plus de présence humaine hors des maisons dès 17h30. L’heure des éléphants approche à grand pas. C’est à 18h que ceux-ci sortent de la forêt pour se nourrir. A ce jour, le village Itonde Fang, s’avère être le plus touché. La localité compte près de 10 hectares, toutes cultures confondues, dévastées par des éléphants. «J’ai perdu en janvier un hectare de bananier plantain en une seule nuit», raconte Sa Majesté Engonga Célestin. D’après les populations de ce village plus connu sous le nom de «Washington», il suffit d’une nuit pour tout perdre. Manioc, macabo, ignames, l’animal se sert à volonté, au détriment des efforts et investissements des producteurs.
Climat de peur
Josephine Minko a perdu deux hectares de manioc en février dernier à Malaba. «Depuis que Camvert a commencé à couper les arbres à partir d’Akak, nous subissons les ravages d’éléphants», confie Claude Okono, autochtone de Malaba.
C’est ainsi qu’en début d’année, un éléphant a été retrouvé mort par les populations à l’entrée du village. «Nous n’avons jamais su comment cet animal est mort. Ce sont les éléments de la sous-préfecture de Campo qui se sont chargés de lui», raconte sa Majesté Dieudonné Mette. Une partie des 300 habitants de Malaba affirme avoir déjà rencontré un buffle ou un sanglier en bordure de route. Les populations qui possèdent encore quelques parcelles de cultures ne restent plus en brousse jusqu’à 16h. Les agriculteurs de Bouandjo eux, ont une formule qui leur permet tant bien que mal de repousser des gorilles: brandir leur nudité. «La chance que l’on a de s’en sortir face à un gorille est de se déshabiller», précise François Lobé, riverain.
La localité a déjà fait les frais du passage d’éléphants. «L’un de nos frères, en sortant se mettre à l’aise vers 1h du matin, se rend compte qu’un éléphant est adossé au mur arrière de sa maison. Heureusement que l’animal était endormi.», relate François Lobé.
Braconnage à outrance
Du côté d’Akak c’est la désolation. Les bêtes qui tentent d’échapper aux braconniers comme aux bruits des tronçonneuses, trouvent refuge dans les villages. Pour se défendre des frasques d’éléphants, certains allument du feu et y jettent du piment ou du caoutchouc au risque d’incendier leurs maisons faites de planches. D’autres par contre pratiquent l’apiculture. « Nous ne mangeons plus que du riz. Toutes nos plantations ont été dévorées par les éléphants et les gorilles », déplore en larme Pauline Ntolo, riveraine.
Plus de trace de riz dans les quelques boutiques que compte Akak. La demande est forte et en saison de pluie. «Avec les pluies-ci je peux mourir de faim. Je suis obligée d’harceler mes petits-enfants en ville pour m’envoyer du riz », se lamente Francine Aziki d’Akak. Les populations ne savent vers qui se tourner face à des dommages inscrits dans l’ordre «de catastrophes naturelles». Le seul recours est de porter plainte contre l’animal.
Un marché de viande de brousse a vu le jour depuis quelques mois. Les mercredis et dimanches au lieu-dit «Carrefour Maïs». Rats, varans, biches, antilopes, pangolins etc. Les prix vont de 1500 Fcfa, 5000, 7000, et 25 000 à 30 000 Fcfa pour les biches.
Sonia Omboudou