Ces graines de pistache qui agrémentent les sauces et les mets à l’étouffée, sont hors de portée des ménages moyens dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun.
Le marché abattoir de Maroua est le principal lieu où les ménagères se ravitaillent en graines de concombre encore appelées pistache.
« Pour acheter du pistache à Maroua, vous devez venir sur ce marché réservé à la vente des condiments. Hors d’ici, vous n’en trouverez pas ailleurs», affirme Brigitte Ninang, vendeuse au marché abattoir. La quadragénaire dit commercialiser cette denrée depuis seize ans. Sur son étal en ce mois de janvier 2020, un sac de pistache décortiqué est disposé au milieu d’une multitude d’autres sacs contenant divers condiments tout aussi en vente. Un petit verre posé au-dessus tient lieu d’unité de mesure des graines pour la vente au détail.
Le sac de pistache de 50 kg à 40.000 Fcfa
Brigitte vend le verre du pistache décortiqué à 400 Fcfa. Tout en reconnaissant qu’il est inaccessible au grand nombre, elle trouve ce prix tout de même justifié et évoque la contrainte du prix d’achat qui impose celui de revient.
« Nous achetons actuellement le sac de 50 kilogrammes à 40.000 Fcfa. Ce prix peut parfois s’élever à 50 000 Fcfa. Si on vent le verre de pistache à moins de 400 Fcfa, on risque de ne pas rentrer dans les frais», argumente-t-elle, avant de rajouter: «On ne cultive pas de pistache à Maroua. Nous nous ravitaillons à Ngaoundéré et à Ebolowa dans le Sud».
Autour de Brigitte Ninang, une cinquantaine d’étals dont celui de Youssoufa Aboubakar n’expose pas de pistache. Pour deux raisons, explique ce dernier: «Dans l’Extrême-Nord, les gens consomment essentiellement la pâte d’arachide. Comme le pistache coûte cher, j’évite d’injecter mes fonds dans un produit qui se vend au compte goûte et rapporte peu».
Faire des stocks
Brigitte Ninang reconnaît que le commerce des graines de pistache requiert de la patience. Il lui faut au moins une semaine pour écouler un sac de 50 kilogrammes.
Heureusement, par son expérience, elle a fini par comprendre les subtilités de cette activité. Elle s’en sert depuis lors à son avantage.
« Si vous voulez réussir dans cette activité à Maroua, il faut constituer des stocks entre novembre et janvier. Après cette période, ce sera compliqué de rentabiliser» confie-telle.
Abbo Mohamadou