Cameroun : Main basse de la mosaïque sur le manioc à Olanguina

Tubercules, feuilles et tiges sont décimés par la maladie au grand désarroi des producteurs, commerçants et consommateurs.

Pulchérie Mvondo, productrice de manioc vient à peine de boucler sa campagne agricole du mois de mars 2022 à Olanguina, village situé à une soixantaine de kilomètres de Yaoundé, qu’elle est déjà prise d’angoisse.
Trois mois seulement après la mise en terre des boutures de manioc sur une superficie d’un hectare, en ce mois de juin 2022, son champ affiche piètre allure. Elle observe une situation malheureuse dont elle dit avoir pris soin d’éviter.
Feuilles de manioc déformées, ramollies, tachetées de jaune et de vert pâle, c’est l’état actuel de la grande partie de son champ. «J’ai décidé en cette campagne de produire le manioc dans une parcelle vierge au détriment des parcelles en jachère qui nous apportent des maladies du manioc ici au village», relate la jeune dame, qui, selon elle, avait cru avoir pris toutes les précautions pour éviter le phénomène de la maladie du manioc en allant à près de 5km du village à la recherche d’une parcelle vierge et fertile.
Productrice de manioc depuis 2012 à Olanguina, depuis 2017, elle fait face à la maladie de la mosaïque africaine à chaque campagne agricole. «A chaque fois que je sillonne mon champ, je déprime», se lamente Pulchérie. Une angoisse permanente qui l’anime au regard des efforts physiques et financiers fournis pour la mise en place de son champ.

Semences infectées

Pulchérie Mvondo n’est pas la seule à subir les ravages de la maladie dans son champ. Nombreuses productrices du village sont également dans la même situation. C’est le cas de Mélanie Obama, 42 ans qui déclare avoir presque tout perdu l’année dernière.
A Olanguina, le manioc qui a longtemps été au rendez-vous de tous les menus et sous diverses formes est de plus en plus rare. Les productrices résument cette malheureuse expérience à l’emploi de semences infectées. Elles disent se ravitailler en boutures dans les précédentes récoltes.
Dans ce village de près 2500 âmes, le flétrissement des feuilles et la pourriture du manioc en champ sont une réalité. La conséquence directe est la baisse des rendements. Pourtant, disent-elles, le manioc d’Olanguina est une référence en matière de goût et de qualité pour la population locale et certaines commerçantes et consommatrices des villages voisins. Voir la productivité chuter campagne après campagne est un véritable échec. Tubercules bouillis, couscous, battons de manioc qui accompagnent différents mets des populations locales sont remplacés par des nouvelles habitudes alimentaires.
Approchés par les victimes, les responsables locaux du Ministère de l’agriculture et du développement rural ont prescrit le nettoyage des abords des champs et la destruction du matériel végétal infesté.
Ils recommandent de se réapprovisionner en semences saines auprès des structures agréées de production des variétés améliorées de manioc à l’instar de l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD) et l’Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA).

Magloire Biwolé Ondoua

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