Malgré l’ouverture d’un marché témoin de volaille à Bafoussam, les aviculteurs broient du noir. Les consommateurs tardent à repérer le nouveau site de ravitaillement.
Il est presque 13h ce mardi 6 septembre 2016 au marché témoin de volaille à Bafoussam, les consommateurs de poulet de chair sont aux abonnés absents. «C’est ainsi que nous passons nos journées. Tu peux faire une journée ici sans vendre un poulet.» Déclare Flore, vendeuse de poulets. «Ce marché n’est pas connu de tous. La plupart des clients vont encore vers le marché Casablanca.» Déclare Raoul, un autre vendeur.
Activité au ralenti
La mise en place par le Délégué du Gouvernement de Bafoussam, d’un site témoin dédié à la commercialisation du poulet de chair après la fermeture du marché de Casablanca pour cause de présence du virus de grippe aviaire, ne semble pas convaincre les acteurs de la filière.
Depuis l’apparition de la grippe aviaire dans la région de l’Ouest en juin dernier, l’activité avicole est au ralenti. «Je ne trouve plus facilement de poulets auprès des producteurs pour revendre.» Confie Norbert Tchechio, démoralisé. La fermeture du marché Casablanca, reconnu comme la plaque tournante du poulet de chair à Bafoussam, a poussé beaucoup d’aviculteurs à abandonner l’activité.
Bertin Fotsing ancien plumeur au marché Casablanca est inquiet pour son job: «Le marché n’est toujours pas ouvert. Et on parle encore de présence de grippe aviaire à Bafoussam. En décembre prochain, on risque de ne pas avoir du poulet à plumer ici.»
La crise se fait ressentir même au niveau des provenderies de la localité. «J’ai pris des engagements auprès d’une banque de la place pour augmenter mes équipements de production, espérant réaliser de bonnes affaires comme l’année dernière. Hélas, ce ne sera pas le cas.» Regrette Eric Tchieutchoua, provendier à Bafoussam. Il affirme que plus de la moitié de ses clients aviculteurs ont abandonné l’activité. Ceux qui s’agrippent encore voient le prix des œufs dégringoler chaque jour, sans compter la difficulté à vendre les poulets de chair pour ceux qui en ont encore.
Coup dur pour les producteurs de poulet
Pour eux, la solution résiderait dans l’arrêt des propagandes sur la grippe aviaire qui paralysent le marché. Mais au moment où certains rêvaient déjà de la réouverture prochaine du marché de Bafoussam, un nouveau foyer de la grippe aviaire a été déclaré chez un fermier de la localité. Ceci a entrainé depuis dimanche 4 septembre, l’interdiction de transport de la volaille dans Bafoussam.
Certains petits aviculteurs vont jusqu’à penser qu’il s’agit d’une mise en scène des gros aviculteurs pour demander des financements de l’Etat. Les petits producteurs quant à eux, œuvrant dans le secteur informel et dans l’anonymat se sentent floués.
Certainement qu’avec ce nouveau foyer de grippe aviaire déclaré, le poulet de chair pourra manquer sur les marchés pendant les fêtes de fin d’année.
Martial Njie Tabi