J’élève les poulets de chair depuis six ans. Lors d’une formation de renforcement de capacités, j’ai appris que l’utilisation non contrôlée des antibiotiques en élevage des poulets de chair a des répercussions négatives sur la santé des personnes qui consomment ces poulets. J’aimerais savoir lesquelles ? Michel, Dschang
Cher Michel
Les antibiotiques sont des médicaments qui agissent sur les bactéries présentes chez le sujet traité. En aviculture, le traitement antimicrobien permet de réduire les énormes pertes dans l’industrie de la volaille, provoquées par les infections bactériennes. Ce traitement peut être préventif et curatif.
Depuis l’arrêt d’utilisation des antibiotiques par l’Union Européenne en tant que facteur de croissance administré sous forme d’additifs à l’alimentation animale, les antibiotiques ne peuvent être administrés qu’avec un statut de médicaments vétérinaires. A ce titre, ils sont soumis à des règles prescrits par les professionnels. Leur bon usage relève d’une part, de la responsabilité du vétérinaire qui doit se donner les moyens d’un choix raisonné basé sur ses connaissances épidémiologiques, sur son sens du diagnostic et sur les examens complémentaires, notamment bactériologiques. Puis d’autre part, de l’éleveur et du revendeur qui ont le devoir de bien administrer ces médicaments selon les prescriptions. Ceci n’est pas toujours effectif du fait que plusieurs éleveurs sont amateurs et n’ont pas reçu de formation où n’ont pas de vétérinaire à leur disposition.
Plus grave, certains revendeurs utilisent ces médicaments de manière non contrôlée dans les marchés pour prévenir les maladies qui pourraient surgir durant la période de vente. Par conséquent, ils ne respectent pas le délai d’attente qu’il faut pour que le produit administré soit disséminé dans l’organisme de l’animal traité. A peine administré, le poulet est directement vendu. Il y a une grande probabilité que les résidus se retrouvent dans la viande de consommation. Cela conduit à l’antibiorésistance (résistance aux antibiotiques). C’est ce qui explique le fait que l’antibiorésistance humaine et animale ne cesse de croître.
Vanessa Nkwangue, Agronome-SAILD
