Cameroun : Mesures d’urgence pour satisfaire la demande de poulets en fin d’année

Le président de l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic) propose des mesures à appliquer dans l’urgence pour éviter le coup des fêtes de fin d’année sans poulets.

1-Rassurer les acteurs de la filière avicole

La gestion catastrophique de la grippe aviaire survenue en mai 2016 a profondément touché l’assurance, la sérénité, et la confiance non seulement des éleveurs, mais aussi de leurs partenaires tels que les banques, les tontines,  les fournisseurs, les acheteurs. Et c’est où le gros mal se trouve.

C’est dans la confiance entre ces acteurs que vient le gros du financement de la filière avicole. Ils doivent être rassurés pour reprendre,  investir et s’investir à fond. L’élément source d’insécurité c’est les décisions gouvernementales qui sont prises de manière subite et non constantes, et parfois difficiles à comprendre.

Si on relance les aviculteurs et qu’on revit après le contexte où 2 poules meurent à Ebolowa, on interdit  la vente et  la circulation des animaux dans toute la République, on plonge ces derniers dans la peur, le manque de confiance. Toute chose qui n’encourage pas   l’investissement. Il  est  donc capital que les pouvoirs publics rassurent de ce que quelque soit la situation, on peut faire circuler et commercialiser les produits entre les zones indemnes de maladie.

Ils doivent aussi encourager la participation des producteurs à la lutte en mettant en place un système d’indemnisation. Au Burkina Faso, lorsqu’il y a crise et qu’on demande aux gens de signaler des cas de morts suspectes, c’est 2500 Fcfa garantis par poule tuée. On ne l’a pas fait ici. Il faut aussi rassurer les gens par rapport à la peur que suscite une probable importation des poulets congelés.

2-Faciliter la production et la distribution des poussins à partir des couvoirs nationaux

Même si les accouveurs ont été sinistrés, la capacité nationale n’a pas été totalement détruite par la crise. Les accouveurs nationaux peuvent encore satisfaire près de 60% des besoins en poussins. Il est ici question d’encourager et sauvegarder ce potentiel.

3-Autoriser l’importation des œufs à couver ou des poussins en urgence pour combler le déficit

Comme les accouveurs  ne peuvent pas satisfaire la demande totale, il faut importer soit les œufs à couver soit les poussins. Dans ce cas, il y a deux choses à faire urgemment: délivrer l’avis technique, donc l’autorisation d’importation aux accouveurs et à toute personne qui en demande. Encore faudrait-il que ces produits soient disponibles chez les producteurs étrangers puisque les commandes leur parviennent de plusieurs autres pays.

L’urgence est d’autant plus signalée si on choisit d’importer les œufs à couver parce que le pic de la demande des poussins est en octobre, dans moins d’un mois. A noter que le processus d’obtention des poussins à partir de ces œufs est long: 2 semaines pour recevoir sa commande, 21 jours d’incubation des œufs, 3 jours d’éclosoir,  1 à 3 jours pour la livraison des poussins au fermier selon le lieu, et 50 jours environ pour élever.

Par contre si on opte pour l’importation des poussins d’un jour, il faut négocier avec les compagnies aériennes dont la capacité de transport est de 33 000 poussins par semaine.

 4-Faciliter le dédouanement des produits une fois sur le sol camerounais.

 5-Subventionner les petits producteurs

Il faut reconnaître que ce sont les petits éleveurs qui font plus de 60% du stock de poulets chair disponibles sur le marché en fin d’année. Ils ont été les plus touchés, les plus ruinés par cette crise. Il faut subventionner les intrants, particulièrement les poussins et les produits vétérinaires. Sur le  marché, le maïs est disponible et une décision pareille sera positive pour ce secteur, et fera du bien aux petits producteurs de maïs qui actuellement ont de la peine à vendre.

On pourrait aussi envisager un fonds de soutien spécial aux petits aviculteurs et aux artisans de la filière (plumeurs, petits commerçants).

6-Aménager les marchés afin qu’ils soient propices aux règles d’hygiène, de salubrité et de biosécurité

Le Cameroun manque de véritables marchés de volailles, aménagés et équipés. Même en prenant l’ensemble des mesures de relance de la production, les marchés non aménagés restent des potentiels foyers de maladie.

7-Gérer la crise actuelle en la contrôlant et en la contenant

Ne perdons pas de vue que cet objectif de ravitaillement de marchés en période de fêtes de fin d’année ne nous épargne pas des mesures de contrôle et de gestion de la crise actuelle.  Ailleurs, dans des pays qui vivent avec des foyers de grippe aviaire, on réussit à contenir la maladie tout en créant des couloirs de commercialisation des produits sains.  Les aviculteurs sont connus et indemnisés. On sait qui fait quoi et où, ce qui permet de respecter les distances de sécurité entre deux fermes. Ça n’existe pas dans notre environnement. Pourtant, c’est important pour éviter les dégâts.

Rassemblées par
Michelle Mbiendou

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