Silures et poissons-vipères se retrouvent sans vie dans diverses localités traversées par cet affluent de la Sanaga depuis le mois de décembre 2018.
«C’est effrayant. J’ai retiré plusieurs gros poissons-vipères de l’eau de mes propres mains et leurs plaies étaient énormes. Ces espèces n’ont rien à voir avec le poisson d’eau douce qu’on a l’habitude de consommer ici», affirme Elisée Mevoungou, riverain de Ndjolé.
Depuis la fin du mois de décembre 2018, silures et poissons-vipères sont retrouvés morts dans la localité de Ndjolé, arrondissement de Yoko, département du Mbam et Kim dans la région du Centre Cameroun. Les deux espèces de poissons sont les principales victimes du phénomène qui s’abat sur le fleuve Ndjéké. Elles présentent des blessures semblables à de larges morsures sous la mâchoire inférieure, sur les flancs et sur la queue.
Ce phénomène pourrait s’étendre à plus 110 km. Car, la Ndjéké part du village Matsari pour se jeter dans la Sanaga à partir de Mbandjock dans le département de la Haute-Sanaga, en traversant les localités de Fouy, Mbimbing, Mangaï, Ngouetou, Nyem, Foufen, Mankim, Mekoassim, Mbembeing, Dong, Nguervoum, Nding, Donga et Essandja.
Des pêcheurs lancent l’alerte
Se rendant comme d’habitude retirer ses filets à Mbembeing, Désiré Otomo, pêcheur dans le Mbam et Kim, a cru à un miracle en apercevant des poissons gisant sur la rive. «Je me suis précipité, et c’est plus près que je me suis aperçu qu’aucun poisson bouge. Pire encore, ils avaient d’énormes blessures sur la peau», se souvient-il. Désiré se décide d’alerter ses coéquipiers qui par la suite, vont prévenir la population. C’est la panique!
Les 9 km séparant le centre ville de Ndjolé du lieu-dit Ndjéké-point, ne sont pas à même de freiner la détermination des populations à s’enquérir de la situation. Telle une armée, commerçants, autochtones et autorités administratives vont braver poussière, bosquets, arbustes et collines qui mènent sur le site.
Hypothèse d’eau empoisonnée
Sa majesté Jean Antoine Ambas Essomo, chef de troisième degré de Ndjolé soupçonne les mauvaises pratiques de pêche opérées par les pêcheurs de sa localité. En effet, révèle-t-il: «Il est arrivé que certains pêcheurs versent des produits toxiques dans l’eau pour tuer et capturer facilement les poissons. Nous les avons sensibilisés sur l’impact négatif des toxines sur la santé humaine, et ils ne le font plus».
Ces souvenirs ont poussé le chef à se poser la question si ce n’est pas à nouveau un produit toxique qui serait à l’origine de la mort des poissons d’eau douce. «Bien que nous n’ayons pas encore enregistré un cas d’intoxication des consommateurs, l’inquiétude demeure», relève-t-il.
Ayant alerté le chef de poste vétérinaire de la localité, Sa majesté invite les autorités compétentes à se mobiliser pour mettre un terme à la mort des silures et poissons-vipères des eaux de la Ndjéké.
Sonia Omboudou