A la périphérie de Douala où il à son champ de pastèque, Rigobert Kemta, handicapé moteur, force l’admiration des valides, par une gestion minutieuse de son exploitation.
Comptable de formation, il a viré dans l’agriculture. Bien que physiquement diminué, Rigobert Kemta ne s’est jamais laissé aller au désespoir.
« Malgré mon handicap, j’ai toujours voulu faire l’agriculture» affirme-t-il. Le détour par une formation comptable ne l’a pas découragé. Au contraire, il y a acquis la rigueur dans la gestion de ses activités.
En Novembre 2009, Rigobert réalise son rêve. Il devient producteur de pastèque sur le domaine familial à Youpwé, à la lisière de Douala.
Des seize enfants de sa famille, il est le seul passionné par l’agriculture. Et, son handicap ne représente pas pour lui un frein pour étaler son génie.
« Pour moi, dès le secondaire, la route était tracée. Au lycée technique de Douala, ma formation en comptabilité me préparait déjà à une gestion clairvoyante de mes propres affaires.»
Faute de moyens pour poursuivre ses études, son père étant un ouvrier retraité, Rigobert complète son bagage académique par une formation pratique en production de pastèque auprès de producteurs au village, avant le grand saut de l’installation à son propre compte.
La culture du pastèque est rentable
Rigobert Kemta ne cache pas ce qui l’a motivé à se lancer dans cette culture: «Ce que j’aime dans cette activité, c’est sa production en toutes saisons. La pastèque n’a pas de campagne spéciale où elle doit être cultivée. A tout moment, si vous avez de l’argent, vous pouvez faire votre champ de pastèque.»
Pour commencer son activité en 2009, Rigobert affirme avoir investi un capital de 100.000 Fcfa. Afin de maximiser les possibilités de gain, il a associé le maïs à la pastèque. Le résultat fut phénoménal, dit-il. Il s’y est alors jeté à fond. «J’ai fait des économies à hauteur de 500 000 Fcfa en trois mois. Ce qui m’a valu le surnom de Rigobert pastèque» se souvient le jeune homme.
L’année 2009 restera gravée dans la mémoire de ce trentenaire. « J’ai touché mon premier demi-million de francs Cfa en 2009» se rappelle-t-il .
Dès lors, il est passé à l’extension de ses parcelles. Pour à peine un millier de mètres carrés exploités au début, il en est aujourd’hui à une superficie évaluée à l’hectare où il fait la rotation pastèque-maïs à Modeka, une banlieue de la capitale économique.
Rigobert se dit prêt à accueillir dans ses exploitations ses frères handicapés, afin de partager avec eux son expérience, qui pour lui est un grand signe d’espoir pour les personnes dites invalides.
« Mon secret c’est mon courage, mon moral haut et surtout mon envie de réussir. Le handicap n’est pas une fatalité. Abandonnons la mendicité et toutes les humiliations. Initions, travaillons» grogne Rigobert Kemta à l’endroit de ceux qu’il appelle ses frères.
Pompidou Ngamna