Dures, peu juteuses et laissant un arrière-goût amer, les oranges vendues actuellement sont boudées par les consommateurs qui les suspectent de traitements pesticides.
Ces fruits sont l’objet de toutes sortes de procès à Foumbot, Foumban et même au-delà depuis quelques temps.
« Les oranges ne sont pas juteuses ni sucrées, elles laissent une amertume dans la bouche et cette saveur désagréable peut durer des heures. Et plutôt que de pourrir, ces oranges d’un genre particulier ont tendance à sécher comme des citrons et la peau devient dure comme du bois.» déclare Adèle, une consommatrice à Foumban.
D’après Christian Emalé, vendeur de fruits de longue date à Foumbot: «Les oranges qui abondent sur les marchés actuellement viennent des pays voisins comme le Nigéria et quelques fois du Maroc. Ce sont de très beaux fruits charnus et bien gros à la taille que les consommateurs aiment, mais dépourvus de jus et pas bien sucrés. Cependant, c’est cette variété qui est disponible sur le marché actuellement.» Il ajoute que: «Les oranges locales sont mieux en termes de goût et de jus mais rares, surtout en cette saison sèche.»
Un autre revendeur à Foumban suspecte les exportateurs étrangers d’avoir traité les fruits en partance de leurs pays aux pesticides pour augmenter leur résistance aux intempéries pendant la manutention.
Approché sur le sujet, un chercheur du Programme fruits à l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD) explique: « Les oranges actuellement commercialisées sur le marché camerounais sont de contre-saison. Elles ont été produites en saison sèche et ont reçu peu d’eau.»
Toujours d’après le chercheur, l’arrière-goût amer de certains fruits, pas tous, peut être dû à la nature du porte-greffe: «Si pendant le greffage, la variété d’oranger Bigaradier a été utilisée comme porte-greffe, il faut s’attendre à avoir des fruits légèrement amers. Cet arrière goût amer ne provient pas de pesticide, mais de la nature du Bigaradier qui donne des fruits très amers. Raison pour laquelle il n’est plus très usité comme porte-greffe depuis quelques années. Cependant, le Bigaradier reste très performant en contre-saison.» En somme, qu’elles soient locales ou importées, les oranges produites sur Bigaradier auront une saveur amère.
Selon lui, le fait que les oranges de saison sèche soient dures et sèches n’est pas nouveau. Les bayam sellam le savent déjà depuis des années. Elles ont d’ailleurs donné un nom à ce genre de fruits: les «trong nkada».
Avec le retour des pluies, on renouera avec les fruits juteux.
Paulin Yves Njikam