Cameroun : Surproduction du riz…… dans les séminaires

Séminaires nationaux et internationaux sur le riz, ateliers de formation sur la culture du riz, visites des champs en création, expositions des résultats de la recherche… voilà en substance ce qui constitue les grands chantiers sur le riz au Cameroun.

Quelques souvenirs. En 2007, le ministre en charge de l’agriculture est à Nanga Eboko où les Chinois se sont installés pour, dit-on, produire du riz. On annonce au peuple que la découverte chinoise porte sur 50 variétés à très hauts rendements, avoisinant les 8 tonnes à l’hectare. Le ministre de l’agriculture apporte son total soutien et pose sur un tracteur dans le champ expérimental. Depuis lors on attend toujours de voir le premier kilogramme de ce riz sur le marché camerounais.
Le riz camerounais pousse en abondance sur les banderoles et affiches, dans des bocaux décorant des stands.
Au comice d’Ebolowa en 2011, le chef de l’Etat a visité le stand de la SEMRY par rattrapage et UNVDA de Ndop n’a bénéficié que d’un clin d’œil furtif à cette occasion. Son discours décriait pourtant les importations massives du riz étranger.
En 2012, le ministre camerounais en charge de l’agriculture et son ministre délégué dégustant avec beaucoup d’appétit du riz japonais, sont à la Une des journaux.
Pendant ce temps le riz de Yagoua, de Ndop, de Tonga… n’a jamais fait l’objet d’une campagne médiatique, encore moins d’un séminaire. Au lieu de promouvoir le riz qui existe déjà, et dans leurs bassins de production, voilà que le gouvernement s’emmène avec une autre trouvaille : Agropole riz. Où ? A Galim, un bassin de production de maïs et de haricot. Sûrement, un tel projet ne pourrait produire du riz qu’à l’horizon 2035.

Après la crise de la faim qui a secoué presque l’ensemble du continent africain en 2008, le Mali, pays pauvre comme on le sait, a dépassé le million de tonnes de production de riz, non en organisant les séminaires, mais en allant dans les champs pour le produire.
Au Cameroun la réaction a consisté à décréter une « agriculture d’urgence », une invention camerounaise, car il n’y a pas d’urgence dans une activité que seule la nature régule. Puis ont suivi les signatures de conventions de partenariats de production de riz, les séminaires et les ateliers de formation pour une riziculture de seconde génération… Où le riz pousse en abondance sur les banderoles et affiches, dans des bocaux décorant des stands, sur des prospectus et autres gadgets promotionnels.

Martin Nzegang

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