L’idée de valoriser les déchets de couvoir en les récupérant et en les recyclant en aliments pour nourrir les animaux, a fait l’objet d’un mémoire de fin de formation d’ingénieur en 2020 à la Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles de Dschang (FASA) par Vanessa Michelle Nkwangue Mehelo.
L’industrie du poulet continue sa progression à l’échelle mondiale. Le volume des déchets issus de la production des poussins va grandissant.
Au cours de nos travaux sur le thème « Valorisation alimentaire des déchets de couvoir pour la production animale», nous avons relevé que les déchets de couvoir transformés en farine contiennent un taux très considérable de protéines. Ils peuvent être ajoutés dans l’aliment des animaux (poisson, porc, croquette pour chien) jusqu’à 25% pour un coût de 150 FCFA le kg. Ceci permettrait de réduire le coût de production de l’accouveur et de l’éleveur.
Farine de couvoir
Au Cameroun, de nouveaux couvoirs naissent tous les jours. La gestion des déchets de production à grande échelle devient difficile. L’augmentation des déchets de couvoir et la hausse des coûts de traitement et d’élimination de ces déchets contribuent à l’augmentation du coût de production chez les accouveurs.
Ces dernières années, la règlementation environnementale et la sensibilisation du public ont contraint les accouveurs à trouver de nouvelles solutions de gestion durable des déchets. Plusieurs possibilités s’offrent aux accouveurs pour transformer les déchets de couvoir en produits valorisés tels : les aliments pour animaux, le compost, l’engrais, les agents de chaulage pour l’amendement des sols, le biogaz et les produits médicaux.
L’un des leaders dans la production des poussins d’un jour au Cameroun enregistre une production de 1400 tonnes de poussins par jour et cette production génère une énorme quantité de déchets. Le poids de ces déchets s’élève en moyenne à 19,69 tonnes par mois, ce qui exige environ 456.488 FCFA de coût de traitement et d’élimination en quatre mois pour cette industrie.
L’alimentation des animaux représente environ 70% du coût total de l’élevage. Le coût élevé des aliments est attribué à la concurrence des aliments conventionnels pour des utilisations concurrentes, en particulier les ingrédients protéiques comme le tourteau de soja. Cependant, l’utilisation de la farine de poisson et du tourteau de soja est limitée par son coût élevé en raison de la concurrence entre l’utilisation humaine, industrielle et l’alimentation des volailles. Le prix de la farine de poisson et du tourteau de soja qui entrent dans l’alimentation des poules continue de croître, augmentant par conséquent le coût de l’élevage, ce qui influence sur la marge bénéficiaire des éleveurs.
28,3% de protéine brute
Il est donc nécessaire de rechercher des sources alternatives de protéines capables de réduire le taux d’inclusion de la farine de poisson, le tourteau de soja et d’autres sources de protéines. Une source alternative qui peut être utilisée est la farine de couvoir, d’où l’objet de notre étude.
Dans notre travail de recherche, nous avons transformé les déchets de couvoir les plus polluants que sont les poussins non viables morts. Nous les avons d’abord fait bouillir à une température de 100°C pour les stériliser et les sécher ensuite à une température moyenne de 27, 3°C pour éviter la dénaturation des protéines. Le produit a été broyé après à 1 mm de maille pour obtenir la farine des déchets de couvoir.
La composition chimique de l’aliment a révélé que la farine des déchets de couvoir contient 28,3% de protéine brute. Le produit final a été utilisé pour formuler l’aliment des animaux, notamment des poissons, à plusieurs pourcentages d’inclusion.
Nous avons obtenu une croissance relativement supérieure des animaux à 25% d’inclusion des déchets de couvoir comparée à l’aliment standard. Nous avons aussi relevé une baisse du coût du kg d’aliment de 16 FCFA comparé au coût de l’aliment standard.
La valorisation des déchets de couvoir en farine pour l’alimentation des animaux est la méthode la plus fiable de recyclage des déchets de couvoirs. Elle ne produit pas d’effet secondaire à long terme sur l’environnement comparativement aux autres techniques et coûte moins cher. Il suffit de se procurer d’une extrudeuse pour transformer les déchets de couvoir.
Vanessa Nkwangue, Agronome