Cameroun : Vers les fêtes de fin d’année sans poulets

La Mifi, l’un des piliers de l’aviculture camerounaise, est à nouveau frappée d’interdiction de commercialisation des produits de ferme par les autorités locales. À l’origine, l’identification d’un nouveau foyer de grippe aviaire. La pénurie de poulet pointe à l’horizon.

Depuis le début du mois de septembre 2016, Bafoussam et ses environs sont sous les mesures drastiques prises suite aux soupçons d’un nouveau foyer d’épizootie. Tout est parti d’une alerte de mort subite de milliers de poules dans l’une des fermes du groupe SIPREC. Actuellement, ladite ferme a été vidée et désinfectée. Une opération d’abattage, d’incinération des oiseaux des fermes suspectes a été lancée. Des fermes  sont mises sous surveillance et soumises au contrôle vétérinaire obligatoire.
Selon le Préfet, la violation de la mesure d’interdiction de vente de volaille est sévèrement punie. Chez les aviculteurs, ce sont consternation, peur et inquiétude qui refont surface.

Sonnette d’alarme

Alors qu’on s’apprêtait à tourner la page de l’épizootie déclarée en mai, aucun nouveau foyer n’ayant été déclaré après la clôture pour désinfection du marché de Mvog Ada à Yaoundé le 24 juin 2016.
De l’avis des experts du secteur, la sonnette d’alarme d’une catastrophe sans précédent pour la filière avicole, pour l’économie nationale et pour les consommateurs est tirée. «Les marchés à l’Ouest étaient déclarés ouverts il y a seulement quelques jours, et les éleveurs commençaient à sortir la tête de l’eau. Aujourd’hui ils sont fermés et avec plus de rigueur. Toute chose indiquant que le beau temps n’est pas pour demain, car cette région représente 80% de la filière avicole nationale.» Lance l’ingénieur agronome Bernard Njonga.
Si la gestion de cette nouvelle crise se fait comme la première on irait droit vers les fêtes de fin d’année sans poulets, vers la vie encore plus chère, vers une grogne sociale en fin d’année, vers une déstructuration totale de la filière avicole nationale, vers une menace sur 240 000 emplois directs et autant d’emplois indirects,, présage-t-il, «on irait droit vers les fêtes de fin d’année sans poulets, vers la vie encore plus chère, vers une grogne  sociale  en fin d’année, vers une déstructuration totale de la filière avicole nationale, vers une menace sur 240 000 emplois directs et autant d’emplois indirects, vers un traumatisme des aviculteurs, les rechutes ayant des conséquences plus graves que les chutes.»
Selon le président de l’interprofession avicole, François Djonou, la filière a déjà enregistré plus de 16 milliards de Fcfa de pertes. La capacité de production  de poulet chair a baissé de 25%. On est passé de 55 millions à 30 millions de têtes.
Dans ses beaux jours, la production avicole nationale était passée de 8 millions de poulets de chair en 2008 à 46 millions en 2015. Et les œufs de table de 700 000 à 1,5 milliard, au point d’alimenter la sous-région.
Du côté des accouveurs, on enregistrait déjà une production hebdomadaire d’environ 1 million de poussins d’un jour.  Des chiffres qui appartiennent désormais au passé, mais qu’on peut espérer avoir à nouveau si et seulement si des mesures exceptionnelles sont prises.

Michelle Mbiendou

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