Son ambition, c’est de devenir la référence en matière d’aliments pour animaux d’élevage en zone sahélienne du Cameroun. Pour ce faire, Zara Kalbassou a choisi de placer les intrants locaux au cœur de sa stratégie commerciale.
Si son aliment pour bétail, volaille et poisson séduit les éleveurs de l’Extrême-Nord, c’est parce que derrière son sourire facile, Zara Kalbassou dissimule une force d’esprit, une capacité à assumer ses convictions et sa détermination à être une entrepreneure dévouée.
La quarantaine à peine entamée, elle suscite de l’admiration dans le secteur de la provenderie, pourtant considéré par beaucoup comme salissant et peu favorable aux femmes.
Son inspiration, elle la tient du fait qu’elle cherchait à résoudre un souci de ravitaillement en provende auquel faisait face la ferme aquacole et piscicole mise en place par sa famille à Kongola dans la périphérie de la ville de Maroua. La jeune dame saisi l’intérêt qu’il y’a à investir dans la provenderie. « Notre ferme avait de la peine à se ravitailler en provende. De plus, les charges liées aux aliments étaient exorbitantes. Suite à une petite étude je me suis rendu compte que nos gains seraient plus importants si nous mettions en place une unité de production d’aliment. Mais, j’ai surtout compris l’énorme potentiel que regorge le secteur de la provenderie », se souvient-elle.
Pourtant, malgré sa découverte, Zara Kalbassou ne se jette pas aveuglement dans la provenderie. Elle fait le choix d’évoluer de manière graduelle en investissant d’abord dans une activité peu contraignante et qui lui apporte de la visibilité.
En 2018, elle s’achète 3 congélateurs, ouvre une poissonnerie au quartier Louggol à Maroua et commercialise du poisson issu de la ferme aquacole de ses parents.
La matière première est issue des champs
Deux années plus tard, elle estime avoir suffisamment accumulé d’expérience en matière d’entreprenariat et décide de mettre en place une unité de production de provende. La jeune dame se lance donc dans la commercialisation d’aliments pour vaches laitières, pour poulets et pour poissons. Elle met sur le marché des granulés pour poulets et poissons et des concentrés pour de la volaille et des vaches laitières. Elle fait le choix de vendre ces produits en détail, mais aussi dans des sacs allant de 3 à 50kg.
Ses aliments fabriqués à base de produits locaux rencontrent un grand succès. Issus pour l’essentiel des produits des champs donc le maïs, son de blé, tourteau de coton, de soja, d’arachide, de la farine base de riz ou encore, d’huile de palme, les aliments fabriqués par Zara Kalbassou sont commandés par des éleveurs des 04 coins de la Région de l’Extrême-Nord.
Pour satisfaire sa clientèle, elle a multiplié les points de ventes dans la ville de Maroua et noue des partenariats avec des agences onusiennes à l’instar de la FAO et du PNUD.
« Ce qui m’attire ici, c’est la qualité des produits vendus. Avant l’ouverture de cette provenderie, j’ai plusieurs fois perdu des poulets parce que les aliments que j’achetais n’étais pas de bonne qualité. A ce jour, je n’ai plus connu ce type de problème», témoigne Wadaï Halilou, éleveur de volailles à Maroua.
Au cours de ses années d’étude à l’Ecole Normale supérieure Polytechnique de Maroua, Zara Kalbassou ne s’est jamais imaginée diriger une entreprise. Elle s’est toujours vu salarié du public ou d’une Organisation Non Gouvernementale. Aujourd’hui, à la tête d’une équipe de 04 employés permanents dont 01 gestionnaire, un meunier, un chargé de production et un manœuvre. La jeune femme partage avec fierté son parcours qu’elle affirme plein d’embuches.
« Les débuts n’ont pas été facile. Les créanciers ont été très réticents. Pour certains, parce que je suis une femme et pour d’autres, parce je manquais d’expérience ».
Consciente de sa position de géante de la provenderie dans la zone sahélienne du Cameroun, Zara Kalbassou ambitionne désormais de contribuer à augmenter l’offre nationale en mettant sur le marché 1.000 tonnes de provende par an.
Abbo Mohamadou