Démocratisation du capital : Ma théorie du crédit pour tous

Connu pour ses positions tranchées contre les politiques restrictives du microcrédit, Celestin Nkou Nkou, expert microfinancier, expose ici sa théorie sur la démocratisation du crédit.

D’après lui, puisque l’argent n’a ni race, ni tribu, le capital ne saurait être réservé à certaines catégories sociales ou professionnelles. C’est la chose de tous.

Mes convictions sont les suivantes :
– Un microcrédit peut aider un individu.
– Un prêt meso peut changer une vie et une famille.
– Plusieurs microcrédits peuvent renforcer une communauté.
– Des milliers de crédits peuvent transformer toute une économie.
– Le crédit est une industrie et un levier de croissance du pouvoir d’achat, de la consommation, des conditions d’existence des popultions et de l’amélioration potentielle de l’espérance de vie.
– Ne pas faire crédit, c’est pratiquer de la thésaurisation.
– Thésauriser de la monnaie fiduciaire ne met pas à l’abri de la dévaluation. Tout au contraire.
– Plus les opérateurs de téléphonie accordent les crédits, plus les gens appellent, abonnés ou non-abonnés.
– Plus la consommation du téléphone augmente, plus le chiffre d’affaires et les marges de profit croissent chez les fournisseurs d’accès au téléphone.
– Cette théorie est valable tant pour les opérateurs de téléphonie mobile, que pour tous les établissements financiers prêteurs et assimilés, toutes catégories confondues.
– Puisque l’argent n’a pas de race, ni de tribu, le capital ne doit pas avoir des catégories socioprofessionnelles.

Capital pour tous

En son temps le Révérend Père Engelbert Mveng, de regrettée mémoire, expliquait que: «La pauvreté révèle, de façon non déguisée, la structure profonde de la société humaine contemporaine face aux biens matériels. Cette structure est basée sur l´iniquité et la démesure. C´est malheureusement une vérité qui ne fait pas honneur à l´humanité: la totalité des richesses de notre planète est contrôlée par une poignée d´hommes qui représentent à peine les 20% de la population du globe, les 80% autres vivant dans la misère. Or, paradoxalement, c´est dans les pays riches que l´on parle le plus de la pauvreté. Ce sont ceux qui possèdent qui désirent posséder davantage.»

Sachant que quel que soit le montant d’argent disponible sous forme de monnaie papier, métallique, fiduciaire ou scripturale, cette somme est convertible partout vice-versa en monnaie électronique, virtuelle, invisible, inodore, incolore, insonore, anonyme, voire intouchable. Les opérateurs de téléphonie mobile en savent quelque chose. Par conséquent, les mêmes monnaies sont aussi recyclables en crédits.

Pour ne citer que l’exemple des sociétés de téléphonie, sans décaisser ni un seul franc CFA de leurs comptes bancaires, ni sortir des sous de leurs poches, les fournisseurs d’accès au téléphone savent comment accorder à leurs multiples clients, des menus microcrédits de montants dérisoires, à très court terme. La réalisation de cette opération de recyclage d’argent sans épargne préalable, ni garantie, ni intérêt, ni frais, ni commissions est facilitée par la magie des technologies de l’information et de la communication (TIC).

Et les clients, de surcroît ceux des classes pauvres, remboursent normalement, intégralement et insensiblement. Ceci est un prodige dans un pays comme le Cameroun où le non-remboursement du crédit est devenu la règle.
Techniquement parlant, à travers des simulations financières et technologiques simplifiées, les opérateurs de téléphonie mobile créent donc de la monnaie eux-aussi à l’instar des banques.

Micro-financements virtuels pour pauvres
En proposant un crédit moyen de 100 FCFA par jour à 15 millions d’emprunteurs potentiels (le nombre d’abonnés au téléphone portable au Cameroun en 2015), cela fait quand même 547,5 milliards de FCFA de micro-financements virtuels. Même si la devise utilisée ne se présente que sous la forme invisible et insaisissable de crédit de communication, elle demeure transférable et transformable. Dès lors, elle peut toujours servir à quelque chose d’utile. Elle peut toujours répondre à un substantiel besoin économique.

Afin de démocratiser l’accès au Crédit (ou au capital), il faut passer par l’inclusion financière. Mais, dans quel tiroir se trouve donc coincée la noble Stratégie nationale de la finance inclusive du Cameroun, laquelle peut être déclenchée par un seul petit emprunt obligataire ?

Célestin NKOU NKOU – Expert en Microfinance
cnnconsult@yahoo.fr

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