Les vacanciers prennent d’assaut une carrière à Ebolowa pour casser le roc

Ils se sont joints aux hommes et femmes qui travaillent à ce lieu pour concasser les pierres dans le but de gagner l’argent et préparer leur rentrée scolaire.

Nous sommes au quartier Mbanga, la nature a voulu que ce quartier soit entouré d’un rocher géant qui représente la longue chaîne rocheuse du Sud. A proximité, se trouve une église qui a la paternité de ce rocher et une carrière artisanale gérée en plein temps par les jeunes, hommes et femmes sans emploi en quête de leurs pains quotidiens. Cette carrière est l’une des plus importantes de la ville.  Elle la ravitaille en gravier de toutes les tailles. Depuis le début des vacances, les jeunes élèves en quête des moyens financiers y travaillent pour survenir à leurs besoins. Armand Jules Akono, âgé de 17ans, est élève en classe de 3ème au lycée bilingue d’Ebolowa. Il dit se battre pour avoir son argent de poche qui lui permet aussi d’aider ses parents à préparer sa rentrée scolaire prochaine. Il est là avec ses  amis pour, comme ils le disent, se «chercher». Il a pu s’intégrer dans l’équipe que conduit Sop Georges, un trentenaire.  Ici, la force est un critère essentiel pour  rester. Car, comme dans une jungle, les plus forts dictent leurs lois mais le jeune Jules Armand a pu, par sa serviabilité, être adopté par tous les leaders de cette carrière.

Il peut travailler avec tous et à tous les niveaux du chauffage du rocher, le concassage ou l’assemblage du bois de chauffe. Selon SOP, la répartition des tâches se fait le matin vers 8 heures comme dans une entreprise normale et les retards sans justifications ne sont pas autorisés. D’autres attisent le feu bâti autour des vieux pneus de voiture pour chauffer sérieusement le rocher afin de le fragiliser et le rendre  facilement cassable. De ce résultat,  on obtient de grosses pierres qu’on casse encore en moellons de plusieurs tailles, selon la demande de la clientèle.  Akono Jules Armand gagne 200 FCFA par seau de 10 litres de gravier, et 2000 FCFA pour une brouette. Il travaille dans cette carrière depuis deux semaines et sa caisse compte déjà 10.000 Fcfa hormis ce qu’il a déjà consommé pour ses besoins personnels. Il est fier d’être là en compagnie de ses meilleurs amis. Ses parents vivent au village situé sur  la route qui mène à Lolodorf. Il vit à Ebolowa avec sa tante et doit se battre pour préparer sa rentrée scolaire.

Une activité pourtant interdite aux enfants
Ce  métier, selon Georges SOP,  n’est pas sans risque.  Ses  employés  peuvent se cogner le marteau dans les doigts ou voir un morceau de gravier sauter à l’œil. Ils utilisent un matériel rudimentaire :  marteau, poinçon. Ils travaillent sans casque et lunette de sécurité. Malgré cela, les jeunes vacanciers ne désarment point. C’est pour eux la dernière possibilité de gagner l’argent car ils n’ont pas pu obtenir des stages de vacances dans les bureaux. Pour  Anatole Effa Okoa Mogouey, délégué départemental des Mines, de l’industrie et du développement technologique de la Mvila, « les carrières sont soumises à une réglementation régie par le code minier, portant exploitation de celles-ci.  Dans le cas des carrières d’Ebolowa et de ses environs, il s’agit des carrières artisanales dont l’exploitation ne fait pas l’usage des explosifs et autres matériels lourds. Les exploitants sont des élèves, des femmes et aussi les hommes convertis tous  dans la débrouillardise totale. Il faut non seulement attirer leur attention sur les risques des maladies pulmonaires, les accidents liés à leur activité mais aussi sur  la législation en vigueur. » Une législation qui interdit  l’accès aux enfants mineurs à ce type d’activité.

Jacques Pierre SEH

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