L’exposition des produits phytosanitaires à l’air libre dans les marchés pose avec acuité le problème du respect de la réglementation sur la vente de ces produits sensibles.
Ignorance, incompé-tence ou laisser-aller, se demande-t-on quand on visite les détaillants de pesticides sur les marchés de l’Ouest Cameroun. Sans aucune protection, ils manipulent à longueur de journée sous le soleil et le vent, à mains nues, les poudres chimiques, s’exposant eux-mêmes, leurs clients, les passants et les denrées vivrières vendues à l’entour.
C’est un secret de polichinelle: les produits chimiques sont dangereux pour la santé de l’homme et de l’environnement. Mais au marché de Bafoussam, ils sont vendus à l’air libre par les jeunes et personnes adultes dont l’âge varie entre 45 et 70 ans. Défaits et reconditionnés, il y en a pour toutes les bourses. C’est ainsi que les engrais sont servis dans des verres et des seaux de 5 litres à 15 litres selon le porte monnaie du client.
Les pesticides (herbicides, insecticides, fongicides, etc) sont servis à partir de 500 Fcfa dans des mesurettes telles les cuillères à café ou à soupe et emballés dans des papiers plastiques volants.
Aucune protection
« Nous n’avons pas le choix. Tous nos clients n’ont pas les moyens pour acheter des sacs d’engrais ou des boîtes entières de produits. Il faut détailler pour les satisfaire. On le fait depuis des années. Si ça ne marchait pas, les clients ne reviendraient plus les acheter chez nous.» Réagit une vendeuse, la soixantaine révolue, assise devant sa marchandise.
Pas étonnant que certains producteurs habitués de ces produits se plaignent des faibles rendements malgré l’application d’«engrais». Ils sont victimes de leur ignorance sur les méthodes de conservation et même d’application.
Pas étonnant en outre que ce soit les mêmes vendeurs de la rue qui se plaignent régulièrement de certaines «nouvelles maladies» qui les dérangent chaque jour.
La plus grande déception est l’attitude de certains importateurs-distributeurs, qui pourtant mieux renseignés sur la dangerosité de leurs produits, garent leur voiture et ravitaillent les vendeurs détaillants assis sans protection devant leurs comptoirs de la mort. Comme si leur argent valait mieux que la santé des clients.
Et que font les pouvoirs publics chargés de veiller au respect de la réglementation sur la manipulation et la distribution des engrais et pesticides au Cameroun? Rien, ils regardent.
Alex Michael Tanon Correspondant local