«Une quote-part est prélevée des frais scolaires pour le travail manuel»

M. BELLO, inspecteur coordonnateur général chargé de la vie scolaire, MINESEC, Yaoundé

Comment sont financées les activités du travail manuel, étant donné qu’elles demandent un investissement spécifique ?
Dans les frais scolaires exigés aux élèves, une quote-part doit être prélevée pour permettre aux établissements d’acheter le terrain, les semences et autres outils de travail. C’est avec cet argent que les chefs d’établissement doivent aussi recruter des enseignants vacataires compétents en matière agropastorale pour encadrer les élèves pendant le travail.

A quoi sert cette matière dans un établissement scolaire généraliste ?
Le travail manuel sert à donner à l’élève des notions sur les métiers agropastoraux et sur l’artisanat. Elle a deux volets; les activités de production tels l’agriculture, l’élevage et l’artisanat; les activités de service comme l’entretien et la peinture.

Y aura-t-il des sanctions contre les chefs d’établissements qui n’appliquent pas la circulaire du MINESEC sur le respect du travail manuel ?
Je ne peux pas vous donner une réponse qui vous satisfasse parce que tout dépend du ministre. Mais, il est clair que le chef d’établissement qui a du terrain pour créer des champs et ne respecte pas la circulaire n’aura pas la même sanction que celui qui doit l’acquérir en dehors de l’enceinte de son établissement.

Pourquoi la vocation donnée au travail manuel n’est-elle pas respectée ?
Les chefs d’établissements brandissent le problème des moyens financiers. Beaucoup d’établissements n’ont pas d’espaces où créer des champs ou des jardins. Et, lorsqu’il faut en acquérir hors de l’établissement, les terrains coûtent plus cher que les moyens disponibles. A une époque, l’Etat a envisagé la création des Collèges d’enseignement technique agricole comme c’est le cas pour les Collèges d’enseignement technique industriel et commercial-CETIC, mais ils n’ont pas fonctionné  à cause du manque d’écoles de formation des formateurs agricoles. Néanmoins, un lycée agricole est actuellement en construction à Yabassi et devrait être fonctionnel à la rentrée scolaire 2015.

Vous parlez de la création d’un lycée agricole. Avez-vous des enseignants pour ce type d’établissements ?
Oui, le ministère a récemment recruté des ingénieurs agronomes pour mettre en place un programme destiné à ce type de lycée. Et puis, les écoles normales d’enseignement technique sont en train de mettre en place la formation des formateurs agricoles. L’entrée dans ces lycées se fera à partir de la classe de seconde, car il est important que les élèves aient certaines bases. Dans le programme, se trouvent les matières portant sur la production végétale et la production animale. Ce sera un lycée professionnel.
Propos recueillis par
Estelle Ngo Bougha

 

Les textes réglementant le travail manuel dans les étabissements scolaires datent de 1979 et 2014

 

DES EXEMPLES A SUIVRE

Ecole primaire d’application de Monatélé, collège Bullier de Sa’a, Institut agricole d’Obala dans la Lékié, ont un pas d’avance sur l’apprentissage de l’agriculture à l’école.

Même si le travail manuel dont la vocation est d’imprégner l’élève des activités de production agricoles, pastorales et artisanales, est une matière négligée dans plusieurs établissements d’enseignement primaire et secondaire, il existe des exceptions en la matière.

C’est le cas du collège Bullier et de l’Institut agricole d’Obala dans le département de la Lékié qui, en plus des disciplines généralistes, ont opté d’aller plus loin qu’un simple travail manuel, et forment fondamentalement les élèves en agriculture et élevage.

A Monatélé, Monsieur EYEBE est instituteur à l’école primaire d’application. Responsable des activités agricoles, il a créé un jardin scolaire au sein duquel les élèves pratiquent l’agriculture. Le cours de travail manuel est pris très au sérieux dans cet établissement, dit-il, même si les moyens manquent pour faire mieux.

Ces établissements ont très tôt compris qu’il importe à la communauté éducative de promouvoir l’idée de l’instruction agricole prônée par le gouvernement. Il ne s’agit pas de transformer les écoles primaires ou secondaires en écoles d’agriculture, mais de disposer les enfants à apprendre de manière théorique et pratique à faire un champ.
Evariste Belibi

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