Cameroun : La hausse du prix du carburant accable les agriculteurs

Dans les villages, les producteurs agricoles payent déjà le prix de l’augmentation au Cameroun, des prix du gasoil et du super à la pompe.

Le monde rural est aux abois, et les producteurs étouffent. Après la vie chère qui les accable depuis longtemps, viennent de s’ajouter les souffrances dues à la hausse des prix du carburant. Selon la nouvelle grille tarifaire des produits pétroliers à la pompe arrêtée par les pouvoirs publics, à partir du 1er février 2023, le prix du litre du carburant super est passé de 630 FCFA à 730 FCFA et le gasoil qui coûtait 575 FCFA est désormais vendu à 720 FCFA le litre. Soit une augmentation de 100 FCFA sur le litre de super et de 145 FCFA sur le litre de gasoil.
Cette mesure annoncée le 31 janvier 2023 par un communiqué du Secrétaire Général des services du Premier ministre n’a pas été bien accueillie en milieu rural. Dans les ménages au village, c’est la désolation totale.

Transport du sac de macabo de 1500 à 2500

La forte inflation observée il y a quelques temps et donc le doigt accusateur est pointé sur le Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne, vient d’atteindre son paroxysme avec cette augmentation des prix des hydrocarbures. « Nous sommes agacés, nous sommes asphyxiés. Sans aucune concertation, les transporteurs ont augmenté à leur tour les tarifs des marchandises. Le sac de 100 kg de macabo qui était transporté à 1500 pour le marché de Nkoabang à Yaoundé est actuellement à 2500 FCFA. Le transport du régime plantain est parti de 500 à 1000 FCFA. Au final, c’est le pauvre paysan qui paye le prix de l’augmentation du carburant », s’insurge Bidima Akono du village Ngomedzap dans l’arrondissement d’Olanguina, région du Centre.
Si les prix du transport arrêtés par les pouvoirs publics semblent encore respectés en zone urbaine, en milieu rural, l’impact économique est fort. La hausse est particulièrement brutale et les effets sont immédiats, notamment pour ce qui concerne le coût des transports. Les prix des déplacements entre les localités sont passés du simple au double.
Les populations de Nlomakeng, village situé dans l’arrondissement d’Awaé à 60 km de Yaoundé, n’en reviennent pas. Pour écouler leurs marchandises au marché central d’Awaé, le transport par moto est l’unique moyen de déplacement. Les conducteurs de ces engins à deux roues n’ont pas donné un temps de répit aux usagers pour appliquer leur nouvelle grille tarifaire. Pascal Elong, moto taximan, confie : « Le transport des personnes et de leur marchandise a augmenté, ce n’est pas de notre faute. Sur place au village, le litre de carburant est vendu à 950 FCFA et les routes sont très mauvaises, il faut recouvrer le manque à gagner. D’où l’augmentation des tarifs de transport des personnes et des marchandises.» Les habitants du village Nlomakeng n’ont jamais gouté aux délices du courant électrique. Le seul moyen de s’éclairer est d’utiliser la lampe tempête et le pétrole lampant. Un autre casse-tête pour les ménages qui voient le litre de ce produit passé au niveau local de 500 à 600 FCFA. Pourtant, de manière officielle, le prix du pétrole lampant n’a pas connu une hausse, il est resté à 350 FCFA le litre. Toutefois, selon les revendeurs, la hausse du prix du pétrole lampant dans les villages est un effet indirect de l’augmentation des prix du carburant. En effet, le pétrole lampant est transporté par les véhicules qui consomment les produits dont les prix ont été revalorisés.

La hausse de la faim

A la hausse du prix du carburant s’ajoute la pénurie du carburant. Les propriétaires des motos et véhicules de transport sur les routes du village fonctionnent au ralenti. Un chargement de marchandises est une occasion de refaire les tarifs.
La hausse des prix est d’autant plus forte qu’elle ne se limite pas aux prix du carburant. L’inflation des denrées alimentaires s’ensuit. Dans les ménages, on redoute une énième hausse des prix des denrées. Là encore, les populations rurales sont les plus affectées.
Le constat est si alarmant, que si rien n’est fait, nous redoutons une hausse de la faim dans les ménages», souligne Elisabeth Mvondo, ménagère à Nlomakeng.

Magloire Biwolé Ondoua

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